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Critique de Pasoa


Je me souviens encore de lui, de ce vieil homme à la moustache et aux cheveux blancs bien coupés, au visage soucieux, à l'allure élégante et fragile. Il vivait à Rome, louait encore une chambre que sa petite pension ne lui permettait bientôt plus de payer. Il était obligé de vendre ses derniers biens, ses livres, pour pouvoir subsister et se soigner. Puis il entra dans la mendicité. Et puis je me souviens aussi de son petit chien qui l'accompagnait partout, Flyke.

C'était un film en noir et blanc du tout début des années 50, son titre : "Umberto D." Je me souviens encore de l'émotion éprouvée jusqu'à la fin du film, de la vue de ce vieil homme retournant à la vie, accompagné de son inséparable compagnon d'infortune. Touché, je venais de découvrir le cinéma de Vittorio de Sica.

Je me mis alors rapidement à la recherche d'autres films du réalisateur italien. Avec saisissement, je découvrais "Sciuscià", "Ladri di biciclette" (Le voleur de bicyclette) "Miracolo a Milano" (Miracle à Milan), films remplis d'une poésie douce-amère, récits sans concessions de personnages jetés dans un temps meurtri, celui de l'immédiat après-guerre en Italie.
Derrière ces histoires singulières, l'intimité de ces personnages, quelle réalité, quelles réflexions sous-tendaient ces chefs-d'oeuvre du cinéma ? Qui était Vittorio de Sica ? Je voulais en savoir un peu plus.

Les livres sur le réalisateur ne sont pas nombreux et c'est par hasard que je découvris celui de Pierre Leprohon. Bien que publié en 1966, il retrace avec précision tout le contexte artistique et cinématogaphique de l'époque, l'avènement du néo-réalisme avec Roberto Rossellini, Luchino Visconti ou encore Giuseppe de Santis, et fait de chacun des films de Vittorio de Sica, qui tourna de 1940 à 1965, une lecture précieuse et bien documentée. Les anecdotes fourmillent sur celui qui fut aussi un acteur, confiné dans des rôles de beau séducteur, sur celui qui ne travailla à ses débuts qu'avec des comédiens non-professionnels (c'est le cas pour toute sa période néo-réaliste), qui coopéra toute sa carrière durant avec le même et fidèle scénariste, Cesare Zavattini. Homme pétri de générosité, de culture et de lucidité sur son temps, il connu un lent et perceptible déclin.

Restent ses films. Ce petit livre de Pierre Leprohon me les a rendus encore plus proches, plus saisissants, plus éclairés.
Il faut voir et revoir les "Sciuscià", "Le voleur de bicyclette" , "Miracle à Milan" et "Umberto D.", ces films en noir et blanc de Vittorio de Sica, témoignages d'une époque certes révolue mais d'une beauté et d'une émotion remarquables et aux personnages tous vraiment inoubliables .
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