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Critique de lebelier


Depuis "In The Court of The Crimson King" jusqu'à "The Power to Believe", Aymeric Leroy analyse finement chaque album de ce groupe phare des années soixante-dix jusqu'aux années deux mille.
Parti d'un groupe restreint de musiciens qui cherchaient leur voie dans "Giles, Giles Fripp", King Crimson n'a cessé d'évoluer en changeant constamment de personnel. Seul Robert Fripp et dans une certaine mesure le batteur Bill Bruford détiennent un record de longévité au sein de ce groupe. On pense à Frank Zappa, dans le genre changeant constamment de personnes pour se renouveler.
Robert Fripp, la figure tutélaire et le grand ordonnateur de King Crimson, se fait d'abord discret, surtout sur le plan de la composition qui est, dans le tout premier album laissée à Ian Mac Donald, flûtiste et multi-instrumentiste. Les paroles, confiées au poète Peter Sinfield, sont , quant à elles écrites à part et définissent ainsi le concept de l'album. Car, à cette époque, les albums sont des "concept-albums" - des "observations dans le cas de King Crimson - : on développe une idée thématique tout au long du disque et ce, depuis le fameux "Sergeant Pepper" des Beatles.
Le son du groupe est multiforme : on puise dans le jazz, le rock, la musique classique et l'on flirte dès le début avec la musique "contemporaine" déstructurée. Robert imagine comment Hendrix jouerait Bela Bartok et ça donne "Larks' Tongues in Aspic". Fripp est influencé par le blues et le jazz de Django Reinhardt, prend quelques cours de flamenco mais surtout cherche à développer son propre style partant de son jeu de "cross-picking". Fripp "n'a pas écouté Chuck Berry" et on a tendance à penser que c'est tant mieux tant son approche de la guitare est caractéristique.
Il en est de même pour ses relations avec le showbiz. Dès que le groupe risque d'avoir trop de succès, donc de poser une attente face au public, il doit se séparer pour partir à la conquête de nouveaux horizons déroutants ou alors tout simplement marquer une pause de plusieurs années souvent, la première entre 1974 et 1981 et la plus longue étant de 1984 à 1994.
On sent, dans ce livre – et je partage le point de vue de l'auteur – que Robert, en dépit de toutes ses expériences et ses "projeckts", a toujours essayé de retrouver un âge d'or perdu du King Crimson des seventies, celui de "Lark's Tongues in Aspic" et aussi de mon préféré, "Red".
A mon sens, le King Crimson récent avec Adrian Belew au chant me déçoit à bien des égards. Je pense que les meilleurs chanteurs étaient Greg Lake au début et John Wetton pour "Red". On apprend néanmoins qu'une bonne part des morceaux instrumentaux des albums de cette époque bénie (1973-1974), étaient des improvisations de concerts, faute de compositions finies en arrivant au studio. C'est le cas de l'excellent "Providence" créé dans la ville du même nom dans l'Oklahoma, et qui figure sur l'album "Red". de nombreuses rééditions permettent à présent d'entendre la totalité de cette improvisation magnifique.
Ressorti de la cour du roi cramoisi, il me fallait réécouter tous les albums et j'y ai pris le même plaisir qu'à quatorze ans lorsque j'avais acheté "Lizard" sans trop savoir et pour la pochette enluminée et j'avais tout de suite accroché sans culture musicale particulière. Comme quoi, même en étant français et le cerveau lavé avec nombre de ringardises qui se chantaient à l'époque, on peut apprécier des musiques exigeantes. On ne remerciera jamais assez ces gens-là.
Et puis j'avais acheté "Red" et l'aventure a continué.
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