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Critique de JIEMDE


Comme dans ses précédents romans, comme d'autres avant lui, Jérome Leroy explore à nouveau la thématique d'un monde qui finit et d'un autre qui démarre. Et c'est bigrement réussi !

Vivant désormais apaisée avec sa fille dans "La Douceur", ce nouveau monde où l'on réapprend ce qu'est le nécessaire, la découverte et l'émerveillement, Agnès se souvient de L'Éclipse.

Une période où la société à bout de souffle après tant d'attentats, de violences et de montée en puissance des pressions économiques, sociales et sociétales, a explosé. Oh, pas dans la guerre, ni le chaos. Mais dans un glissement subtil, réfléchi, libérateur, individuel mais dont le nombre finit par faire masse : "Les gens s'en vont".

Partir, tout laisser du jour au lendemain : travail, famille, enfants, responsabilités, culpabilité... D'un seul coup - mais à la suite d'un cheminement itératif et cumulatif - répondre "je décide de partir et de m'affranchir" à la place de "ce serait formidable si...mais je ne peux pas". Et finir par faire sens quand ce mouvement libérateur s'amplifie et interroge.

C'est ce que fait peu à peu Guillaume Trimbert, écrivain à la cinquantaine tourmentée, fatiguée qui va tout lâcher pour profiter de l'instant qui passe : celui où immobile, on goûte la joie simple d'un paysage à travers une fenêtre, avec la présence d'une femme aimée dont le seul contact peau à peau suffit à rassurer.

Ce cheminement, Agnès va le suivre et tenter de le comprendre, elle l'agent des services spéciaux habituée aux missions d'exécutions pour raisons d'état. Celles où justement il est important de ne pas comprendre mais de seulement agir. D'autant que d'autres raisons la poussent à s'intéresser à Trimbert.

Un peu tard dans la saison réussit le tour de force - trop souvent raté ailleurs quand des auteurs se lancent dans le multi-genre - d'être à la fois dans le sociétal, l'anticipation ou le polar. Mais c'est surtout un roman très personnel (avec toujours des touches autobiographiques ci-et-là) construit comme une délicate histoire empreinte d'une mélancolie positive et rassurante.

Ses personnages sont beaux, certes terriblement imparfaits, mais tous très attachants malgré leurs travers ou leurs tourments. Des femmes et des hommes qui font ce qu'ils peuvent pour avancer, résignés ou un jour "éclipsés".

Leroy dépeint son époque, ses travers, ses impasses et nous livre une vision du salut qui, à défaut d'être détaillée, est douce, bienveillante et surtout délibérément choisie et non subie.

C'est déjà ça... et même si cela arrive un peu tard dans la saison, ça fait du bien.

Deux remarques pour finir :

- Heureuses coïncidences des lectures : dans un contexte différent, Un peu tard dans la saison est un bel écho à Dans la foret de Jean Hedland lu - et adoré - quelques semaines plus tôt.

- Heureuses coïncidences des origines : comment ne pas apprécier un écrivain capable d'évoquer avec une nostalgie qui forcément me touche, la rue Lézurier-de-la-Martel, la rue des Fossés Louis VII, Fontenelle ou encore les galets de Saint-Valéry-en-Caux. Ces mêmes petites touches impressionnistes rouennaises déjà appréciées dans le Bloc.

Merci à Babelio, Masse critique et La Table ronde pour cet envoi.
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