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Critique de smad


smad
01 novembre 2013
"Les Cahiers d'anthropologie sociale", présentent, dans leur neuvième livraison intitulée "Leurrer la nature" un recueil de dix textes, résultat des actes d'un colloque tenu au Collège de France en 2012, sous la direction d'Hélène Artaud qui introduit la notion à la généreuse plasticité et aux questionnements multiples.

En effet l'introduction permet au lecteur de se familiariser avec un procédé dont on n'imagine pas à quel point il est partagé par différentes cultures (du chasseur Achuar en passant par les Yougakirs sibériens) et pratiques sociales. On voit que le leurre "suppose(...) une extrême labilité des logiques et des corps en interaction".

Appréhendé en premier lieu comme connaissance de l'autre, empathie à distance avec le le leurré que ce soit dans des pratiques de chasse ou d'élevage, il implique un savoir pratique de la part du leurrant. Avec une certaine insistance l'introduction souligne donc cette forme triadique leurrant-leurre-leurré, comme valeur heuristique voire théorique dont l'éthologie est à la source.

On trouve dans cet ouvrage trois grands ensembles de textes qui dessinent le corps de la notion de Leurre.
Le premier s'attache à une tentative de définition du leurre avec entre autres un texte sur la généalogie du "roccolo" un piège à oiseaux en Italie, ou bien un autre sur les techniques d'adoption et de traite dans les cheptels de France, du Maghreb et la Mauritanie.
Le deuxième ensemble va travailler le leurre sous un angle de vue plus esthétique. C'est le cas d'un artiste chinois dont la pratique consiste en un perpétuel camouflage et qui met en abyme la situation des artistes sous ce régime qui souffrent encore de censure à bien des égards.
Enfin le dernier ensemble s'apparente à la notion grecque de métis dont le leurre est "le principe dont il procède".

Difficile donc de résumer l'amplitude de cet ouvrage à caractère scientifique dont la lecture s'adresse à des amateurs avertis et habitués à la prose universitaire. le seul bémol de l'ensemble est la qualité de certaines reproductions photographiques dans un noir et blanc de piètre tenue et des vignettes minuscules. Cet accompagnement iconologique fait défaut mais les interventions sont fascinantes sur les ruses de l'humain pour arriver à ses fins.

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