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Critique de Zippo


Un sommet de courage, de dévouement à l'Art et de modestie. Voilà ce que nous offre Jennifer Lesieur avec ce passionnant et bouleversant récit.

Rosa Valland, née le 1er novembre 1898 dans l'Isère, passionnée d'art, monte à Paris à l'âge de 22 ans et s'épanouit dans l'effervescence artistique des années 20 et 30.

L'Occupation la trouve au poste d'assistante au musée du Jeu de Paume. Pendant toute cette sombre période, comprenant l'allemand mais ne le faisant pas savoir, elle assista au pillage forcené des oeuvres d'art par les nazis et nota tout sans relâche. Pillage, tant des musées, que des familles juives promises à l'extermination.
Une activité résistante qui pouvait lui valoir la déportation et/ou la mort...mais d'une grande utilité pour les restitutions d'après guerre.

L'auteure nous décrit avec précision et parfois avec humour (ce qui n'est pas aisé pour cette terrible période...) la voracité des dignitaires nazis, tel Goering et la bassesse de tous les acteurs de la mise en place de cette ignominie, tel Bruno Lohse.

Jennifer Lesieur a également le mérite de nous décrire avec minutie, les différents services allemands qui se chargent de ces spoliations...et ce avec une concurrence féroce.
La description de la vingtaine de visites de Goering au Jeu de Paume, où était stockés les oeuvres d'art volées, où il venait "faire son marché" ne manque pas de sel...

Nous retrouvons dans cet ouvrage le courageux Jacques Jaujard, sous-directeur des musées nationaux.

Puis vient la Libération, c'est la création de la CRA : commission de récupération artistique. Rosa Valland en fut la secrétaire générale.
Au printemps 1945 elle prit la direction de l'Allemagne où elle oeuvra sans cesse pendant des années à la restitution des biens artistiques spoliés.
Sa réputation fut telle parmi les armées alliées qu'elle reçut le surnom de "capitaine beaux-arts".

De retour en France, au début des années 50, elle est profondément déçue du comportement des dirigeants politiques français investis dans la guerre froide, pour qui l'abomination des spoliations n'a plus tellement d'importance...
Mais Rose Valland continuera avec acharnement à faire oeuvre de justice en travaillant à une colossale documentation permettant une future restitution.

Ce livre émouvant fait regretter l'absolue ingratitude des autorités de notre pays jusqu'aux années 1990 quant au dévouement de cette grande dame. C'est profondément insupportable. Et ce, notamment après son décès le 18 septembre 1980.

Heureusement, Jennifer Lesieur, au-delà de nous proposer une lecture passionnante, fait oeuvre de justice pour cette héroïne pleine de modestie.
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