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Critique de Sachenka


J'ai déjà rédigé quelques critiques d'autres romans de Nicolas Leskov, ce grand auteur russe quelque peu oublié. Certains se rappelleront, peut-être vaguement, du Vagabond ensorcelé. Pourtant, c'était un écrivain original, un grand amoureux de la Russie profonde, et cela se remarque dans le présent recueil : le gaucher et autres récits. Ici, point de grande saga, de drame épique ou autres. Non, que des historiettes comme on devait en raconter sur les routes, de la petite province jusqu'au fin fond des steppes de la Sibérie. En fait, elles ressemblent à des portraits de personnages (aussi populaires que traditionnels, de plus basse extraction que possible), à des récits anecdotiques.

Dans la première nouvelle, le gaucher, un général de cavalerie d'origine cosaque, trouve le secret au mécanisme d'une puce d'acier (donnée par les Anglais) chez des artisans russes qui travaillent non pas avec des outils sophistiqués mais avec l'adresse de leurs mains. Comme quoi les gens "de chez nous" valent bien n'importe quel Occidental. Les autres nouvelles vont dans le même sens, elles mettent en vedette des domestiques, des artisans, des soldats retraités, des popes, des juifs, etc. Ces gens des steppes, ils mènent une dure vie mais ils savent aussi se montrer jouissifs à tout moment. Que c'est rafraichissant!

Leskov est très inspiré par les petites gens, bien sur, et à plus d'un niveau. Non seulement il les projette sous les feux mais il leur donne la parole. Les dialogues sont truffés d'expressions, de proverbes terre à terre, mais surtout de mots, inventés ou remaniés, qui dépassent les simples régionalismes. Par exemple, dans la nouvelle le conteur de minuit, la « détenancière » d'une auberge fait patienter ses clients et visiteurs dans un salon justement nommé l' « Attentation », le temps qu'elle finissent le repas qui mijote dans la « marmitière ». Félicitations à la traductrice qui a su inventer des équivalents français aux tournures langagières de tout ce beau monde.

Au final, le gaucher et autres récits sont des nouvelles plutôt sympathiques, drôles, avec des personnages attachants. Elles ne sont pas particulièrement mémorables mais elles témoignent d'un passé riche et vivant qu'on a peu la chance de lire dans la littérature russe plus traditionnelle. Seulement pour cela, elles valent le détour.
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