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Critique de de


Les hommes et les femmes sont belles

Écolière, « le masculin l'emporte sur le féminin », incrédulité, sentiment d'injustice, invisibilité des femmes, « Disparaître, c'est ce que les femmes font de mieux, tel un e muet que l'on oublie en fin de mot »

Pourquoi le masculin l'emporte-t-il ? Pourquoi devrait-il l'emporter ? Il n'en a pas toujours été ainsi. Comme Michaël Lessard et Suzanne Zaccour le rappellent en préambule, « la primauté du masculin n'est ni intuitive, ni naturelle, ni nécessaire ». Elle est le résultat d'une lutte « menée par des grammairiens, des auteurs et des savants misogynes ». La masculinisation fut et demeure un « projet politique ».

Cette masculinisation de la langue repose principalement sur deux axes : « l'effacement de féminin désignant les professions nobles et la préséance du masculin, voire sa métamorphose en genre générique ». Les femmes furent dépossédées d'une « langue qui leur permettait de se décrire ».

La masculinisation de la langue et la disparition de certains mots, professeuse, philosophesse, autrice. Faire disparaître « la possibilité, l'idée même d'une femme en philosophie ou d'une femme de lettres », contrôler la langue.

La masculinisation et la modification de la grammaire. Jusqu'au XVIIe siècle, « on accordait l'adjectif et le verbe en se basant sur le nom ou le sujet pertinent le plus proche », on utilisait donc l'accord de proximité.

Le masculin dominant est aussi devenu un masculin dit « générique », incarnation d'une neutralité masquant la hiérarchie des rapports sociaux.

Et les autorités linguistiques, dont l'Académie française longtemps non-mixte, veulent le statu quo, la préservation d'une histoire de l'imposition masculiniste.

Les auteur·e·s soulignent qu'il manque à cette langue « un répertoire qui témoigne de sa diversité, de sa richesse,et de sa polyvalence », les outils pour que chacun·e puisse se (re)connaître et se nommer, des mots pour réfléchir ou décrire « ce que l'on imagine ou ce que l'on voit ». Il nous faut donc affirmer l'existence des femmes « qui sont et qui font ».

Elle et il détruisent huit mythes : « La féminisation alourdit le texte », « La féminisation « sonne mal » », « La féminisation maintient forcément la binarité », « la féminisation dévalorise les femmes », « La féminisation des mots porte à confusion », « La féminisation des phrases est compliquée, difficile à lire ou difficile à prononcer », « Il faut arrêter de voir du sexisme partout – le masculin générique n'a rien à voir avec le patriarcat », « L'écriture féminisée constitue une erreur de français ».

Le langage dans sa forme et ses moyens relève bien de l'histoire et du politique. « Continuer de parler et d'écrire une langue où « le masculin l'emporte », c'est faire perdurer l'héritage de quelques antiféministes qui ont désiré effacer les femmes des professions savantes et, ultimement, de la société ».

Reste, comme je l'ai soulevé dans une note sur un autre livre des auteur·es, à la naissance sur la base d'un sexe considéré comme dichotomique, chacun·e subit une assignation, une identité officielle et sociale – elle-même marqueur du genre comme ensemble d'injonctions et d'interdictions. Toustes sont inclu·es dans ce système de bicatégorisation hiérarchisée et de contraintes qui peut prendre cependant des formes historiques différenciées et qui n'est pas exempt de contradictions. Et si de nombreuses personnes ne se reconnaissent pas dans les masculinités et les féminités historiques (il faut donc construire « un discours respectueux » de ces personnes), je trouve plus que discutable de parler de « personnes non-binaires, agenres, genderqueer ou fluides dans le genre » comme si elles/ils s'étaient échappé·es, par simple choix, hors des rapports sociaux de sexe (système de genre).

Une grammaire non sexiste et inclusive.

Dans la nuit grammaticale, les hommes dominent, il nous faut donc mettre en lumière la moitié de l'humanité invisibilisée, l'existence des femmes.

« Cette grammaire se veut un ouvrage polyvalent qui permet à la lectrice ou au lecteur de faire ses propres choix dans cet ensemble de stratégies » ; « Elle propose un éventail d'approches qui seront utiles quel que soit le type de texte à rédiger, et accompagne l'autrice ou l'auteur dans le choix des règles de féminisation qui lui conviennent ». Réhabilitation des femmes, employer des mots et des expressions non sexistes, cohérence et clarté.

Les noms, les adjectifs, les déterminants, les pronoms, les verbes.

Chaque chapitre débute par un texte et sa réécriture inclusive. Les règles de base sont rappelées y compris dans leurs exceptions, des stratégies de féminisation sont proposées, les avantages et les désavantages de chaque solution sont détaillés.

Nom. Si le sexisme de demoiselle en absence de damoiseau est souligné, je ne comprends pas le maintien de maitresse (le terme amante est donné en note) en correspondance d'amant – Nommer « maîtresses » les dominées est au moins incongru ! Dans les nouvelles graphies indiquées, je signale tancle et onte (pour oncle et tante), Mondame et Massieur (pour Madame et Monsieur),

Adjectif. L'accord de proximité.

Déterminant. J'utilise maintenant régulièrement le toustes (toutes et tous)

Pronom. Parmi les nouvelles graphies, les iels et ielles pourraient rapidement s'imposer.

Verbe.

Dans la seconde partie, sont proposés des exercices, d'inclusion, de vocabulaire, d'accord de proximité, de neutralisation, de conjugaison… et des corrigés.

A vos exercices. Nous pouvons rendre à notre langue toute la richesse des individu·es et des possibles…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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