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Critique de AgatheDumaurier


C'est très compliqué pour moi de "noter" le texte en étoiles, car il ne faut pas confondre le personnage et l'écriture. Après réflexion, je me suis mise d'accord avec moi-même sur deux, et je vais justifier.
D'abord, l'histoire : une femme et son mari, couple de Français très bourgeois et très parisiens, se rendent au Vietnam pour chercher leur fils adoptif. Description de la réalité de l'adoption à l'étranger, j'imagine, argent distribué un peu partout, orphelinat, administration etc...Futurs parents pris en otage et distribuant de peur de se voir retirer l'enfant qu'ils veulent adopter. Elizabeth, la narratrice, le vit mal, et l'exprime en termes très durs. Ensuite, rencontre avec l'enfant, qui, de Phi Vu, devient Antoine. Et là, la narratrice ne ressent rien. Aucun sentiment maternel ne naît en elle : "les yeux de Phi Vu, c'est ce que je vois en premier [...]J'y lis aussitôt quelque chose...Et moi je ne ressens rien. Rien...RIEN ! Pour moi, tu n'es pas un bébé, soudain. Tu n'as pas sept mois. Tu es très vieux, et tu me juges. TU ME JUGES. " Et quand l'enfant lui est confié, Elizabeth devient violente. La suite est à Paris, puis à Belle-île.
J'ai été extrêmement choquée par ce texte. Bien entendu, c'est le but de l'auteure. le texte est évidemment autobiographique. La narratrice et l'auteure sont Elizabeth, le texte est dédié à son fils. J'ai défendu à Christine Angot, Delphine de Vigan et Annie Ernaux le droit de raconter leurs vies et leurs familles sans les accuser de voyeurisme, mais là, ça va peut-être un peu loin pour moi. Mais oui, plus loin qu'Une semaine de Vacances de Christine Angot...Parce que la narratrice, la narratrice, on a envie de lui coller des grandes claques (comme elle en donne à Antoine, tiens ! ) C'est elle qui veut un "bébé adopté" depuis son adolescence (c'est à la mode dans son milieu bourgeois), c'est elle qui est déçue par le modèle comme si c'était un sac à main, c'est elle qui a voulu ce voyage, cet enfant, et qui après se réveille dans sa propre histoire, mais avec un enfant, un vrai, et qu'on a sorti de son pays pour le mettre entre les mains d'une bourgeoise parisienne névrosée...C'est épouvantable, un tel égoïsme. Et je ne parle pas de la violence qui se déploie, je n'ose même pas citer. Parce que c'est de la vraie violence, la même que celle qu'on lit dans les journaux et dont on dit : "elle touche tous les milieux." C'est vrai, Antoine serait peut-être mort entre les mains d'un couple très jeune et sans soutien...Là, dans un élan de lucidité et de maturité, Elizabeth appelle au secours, pour elle et l'enfant.
Je comprends le tabou que l'auteure a voulu toucher : c'est celui de l'instinct maternel, de la douceur, etc... On peut être une mère froide, mais entendre une mère violente, dangereuse (la narratrice jette le bébé dans la piscine, quand même), en confession, là, je n'y arrive pas, désolée. Il faut se contrôler, madame.
Je n'ai pas non plus l'impression qu'on m'a forcée à voir quelque chose que je ne voulais pas voir, j'ai juste l'impression que cela n'est pas universel, ne concerne pas une question générale, mais une névrose très particulière. Et qui en plus me déplaît profondément. Et n'est pas extraordinairement écrit.
Donc je remercie Babelio et les éditions le Passeur de leur envoi. Je pensais que le livre m'intéresserait, mais en fait il m'a choquée. Ce qui signifie néanmoins qu'il peut certainement, comme le prouvent d'autres critiques que je vois sur la page du livre, intéresser d'autres lecteurs.
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