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Critique de zorazur


Il y a sur le toit du monde un génocide oublié qui ne dit pas son nom, la méthodique destruction d'un peuple, d'une culture, d'un passé, d'une histoire. Personne ne parle de ce massacre lent et organisé, qui a petit à petit porté ses fruits pour que tout devienne lisse, aplani, inodore, pour qu'on puisse enfouir un pays sous un autre. Que le nom de son chef soit à jamais oublié, que ses photographies soient interdites à jamais et que soient emprisonnés dans de sinistres geôles tous ceux qui prétendent le soutenir ou même évoquer son souvenir.
Personne n'en a parlé et rien n'a bougé du coté de l'Occident trop heureux de pouvoir se taire devant les destructions et les massacres, de faire depuis cinquante ans comme s'il ne savait pas.
Il faut le livre dur et amer de Claude Levenson pour rappeler cette ignominie. Plusieurs voyages au Tibet depuis les années 80 lui ont fait mesurer des dégâts irréversibles, les conséquences irrémédiables d'une colonisation, car ce n'est rien d'autre, réussie au-delà de tous les espoirs de l'envahisseur chinois. La Chine a écrasé le Tibet, ses habitants sont interdits d'expression, de langage, de pensée, de religion. Lhassa est devenue une vitrine où ne subsiste du passé que ce que les Chinois ont bien voulu laisser de miettes pour affrioler les yeux de quelques touristes aux déplacements soigneusement contrôles. Des quartiers rasés, des reliques saccagées, du bitume à la place des pavés et des immeubles sans grâce à la place de vestiges séculaires, des enseignes clignotantes et des lanternes rouges, des bars et des karaokés où l'on pousse ce qui subsiste de l'âme tibétaine à venir se perdre pour parachever l'oeuvre de destruction massive.
L'usage du tibétain est interdit. Les Tibétains ont besoin contrairement aux Chinois de permis spéciaux pour se déplacer dans leur propre pays. Les emplois sont réservés aux Chinois et le peuple tibétains s'enfonce dans la misère. La possession d'une photo du Dalaï Lama ne conduit pas à une condamnation : elle est la condamnation. Presse, journalistes, photos, films, sont contrôlés quand ils ne sont pas interdits.
Pourquoi ces violences, cette volonté de destruction et d'écrasement d'un peuple pacifique qui n'a rien demandé que de vivre à son rythme et dans la sérénité, pourquoi cette froide cruauté qui conduit inexorablement à l'anéantissement ? Possession de l'espace, de ressources rares, et par-dessus tout contrôle de l'eau. Car que peuvent craindre un milliard quatre cent millions de Chinois de sept millions de tibétains qui prônent la paix, la non-violence te l'entente entre les peuples au prix de toutes les concessions possibles ? Et pourtant la destruction continue, et depuis des dizaines d'années nul ne bronche devant la toute-puissance chinoise. Diplomatie oblige...
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