Sherlock Holmes théâtralise sa parole, mais il a besoin pour cela du medium narratif qu'est Watson afin d'accompagner le lecteur dans le brouillard des signes, avant de tout expliquer d'une parole magique qui éclaire et révèle.
Le public du XIXe siècle est friand de récits de crime et la presse exploite abondamment ce goût en développant la rubrique des faits divers et la fiction criminelle. Il s'agit moins d'une fascination morbide que de l'expression de nouvelles angoisses face à un monde qui change très vite.
[Watson] est surtout le double naïf du lecteur, attendant la révélation de la parole holmésienne, incapable de se livrer à la même analyse alors même qu'il possède les mêmes informations que le détective.
C'est la combinaison d'un héros tout-puissant, d'une aventure et d'une parole théâtralisée qui constitue la base d'un fonctionnement mythique du récit.
Les aventures de Sherlock Holmes offrent un écho aux controverses et aux grandes interrogations médicales de l'époque.
Arthur Conan Doyle n'invente pas une forme littéraire, mais il en exploite le potentiel et en fixe un modèle possible , perfectionnant le genre de récit en récit.