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Critique de LydiaB


« Ma Pauline, ce fut sur cet heureux rivage
Que l'amour resserra le noeud qui nous engage
Et ta bouche timide en ces aimables lieux
Par un aveu charmant sut combler tous mes voeux.
Oui, je l'ai cru sincère et veux toujours le croire,
Il est cher à mon coeur, présent à ma mémoire,
Et pour jamais, Pauline, un tendre souvenir
L'a gravé dans mon âme en lettres de plaisir. »

Qui pourrait croire que celui qui écrit ses tendres vers à sa bien-aimée n'est pas un poète romantique mais bel et bien un homme politique, Gaston Pierre-Marc de Lévis, député de la noblesse aux États Généraux, qui, faisant preuve de courage, s'est engagé auprès des armées coalisées ? Ces mots sont envoyés à sa chère femme, Pauline d'Ennery, avec qui il entretiendra une correspondance qui l'aidera moralement à tenir, éloigné d'elle pendant cette période troublée. Et lorsque l'on sait que le jeune marié sera forcé de partir avant que le mariage ne soit consommé, on peut facilement s'imaginer la force de ces missives. Cette correspondance s'étale sur une dizaine d'années mais le couple pourra – heureusement – se voir de temps en temps, ce qui donne aux lettres une certaine diversité.

Cette prose épistolaire est riche d'enseignement pour nous qui, quelques siècles plus tard, avons toujours peine à nous imaginer ce qu'a pu être ce mouvement si important qui a marqué à tout jamais L Histoire pour en devenir un tournant. Car lorsque Gaston est loin de Pauline, il lui raconte tout en détail afin qu'elle puisse s'imaginer ce qu'est en train de vivre son mari. Et lorsque celle-ci part en Angleterre, en 1790, la chronique historique de Gaston prend corps. Ces lettres sont intimes, bien évidemment, mais il ne faut pas croire pour autant qu'elles dégoulinent toutes d'un amour enfiévré. La distance rend les choses difficiles, l'impatience également. Certaines sont plus dures, la jalousie prenant le pas sur l'amour. Lorsque Gaston doit émigrer à Bruxelles, en 1792, il s'imagine que Pauline ne l'attendra pas. le doute s'immisce, ce que la jeune épouse prend mal. Même si, malheureusement, nous n'avons pas la correspondance de cette dernière, on peut comprendre, par les réponses de Gaston, que le couple subit les assauts du temps et de la séparation.

Gaston profite de ses lettres pour parler également de politique. Il croit dur comme fer aux nouvelles réformes, à ce nouveau monde qui se profile. Il reste intéressant à ce titre de voir les idées de la noblesse à l'orée de ce changement.

Enfin, le ton est résolument moderne. Outre les sentiments, on assiste ici à une écriture fine, élégante, ponctuée d'humour ici et là. Ne serait-ce les dates, on ne devinerait jamais que ces lettres datent du XVIIIe siècle. Cette correspondance est une véritable pépite, une mine d'or pour tout un chacun. Elle ravira ainsi l'amateur de prose épistolaire, l'Historien passionné ou, tout simplement, le curieux, passionné par la belle littérature.

Et si j'étais vous, je serais déjà chez mon libraire !
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