Comédie

Ce livre est un chef d'oeuvre. BHL en toute conscience dialogue avec lui-même, un autre démultiplié, qui n'est pas la figure médiatique qu'on connaît et qui fait de l'ombre au moi de l'écrivain. C'est le seul livre jusque là en attendant ses mémoires ou son journal, qui viendront un jour qui sait, où Bernard Henri Lévy cesse de bétonner son style, suivant les recommandations de son ami Jean Paul Enthoven. Un livre qui découle de ce qu'il décrit comme un bide bang, c'est dire le côté "déflagration narcissique" que fut la sortie de son film et à la fois le côté inaugural : une nouvelle vie, l'après coup. Ce livre est une sorte de mue. Il y a le BHL d'avant le bide bang et le BHL d'après et le BHL d'après est accouché par ce livre. Sa richesse ne peut s'épuiser au bout d'une lecture unique. Comédie ne conclue rien sinon, dans l'un des tous derniers paragraphes que la guerre (littéraire) continue. Ce livre contrairement aux autres livres de BHL, est une réflexion débraillée, en temps réel, avant de retrouver "le vieux maître" de Normale Sup, 30 après une scène ridicule dans le bureau de celui-ci . Vieux maître innommé mais est-il besoin de le nommer? Un fantôme-père que BHL tue à sa manière en en faisant une ombre qui disparaît dans la nuit. Il y a de la hargne et de l'amertume dans ces pages. Son extrême lucidité sur lui-même, sur le personnage médiatique, tellement sûr de lui, au langage si virtuose, côtoie un écrivain aux moi indéfinissables et indéfinis. Il les égraine ces "moi" en nous disant pourquoi son moi profond est absent de ses livres. C'est une longue interrogation : qui suis-je à travers mes livres ?