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Critique de chrysalde


En l'entendant en parler à la Grande Librairie j'ai été séduite par l'idée. Une mère qui s'inquiète, qui souffre pour son fils, qui fait tout pour lui, pour le soulager, le sauver … mais, c'est de moi dont on parle ;-) Comment ne pas tomber en empathie avec cette maman?

L'idée d'écrire le journal intime d'Euphrasie, la maman d'Antonin Artaud, sur base des textes d'Artaud, de biographie, etc me semblait être une idée originale. Une forme de texte différente de ce que je lis habituellement.

Je m'attendais à un texte brillant, émouvant, poignant, dense mais en fait, le texte n'est pas spécialement bien écrit. Il s'agit vraiment d'un journal que n'importe qui aurait pu écrire, ça se lit comme un devoir de lycéen.

On fait connaissance d'Antonin via la plume d'Euphrasie le jour de son départ pour Paris, à 23 ans. Elle écrit: "je lui ai caché mes larmes, je veux lui laisser croire que tout se passera bien".
Et par conséquent, on comprend dès les premiers mots que non, rien ne se passera bien, et qu'elle en est déjà bien consciente. Il a d'ailleurs oublié ses médicaments pour la douleur et la mélancolie, ce n'est pas grave elle les lui apportera quand elle ira le voir … (parce qu'il est évident que l'on peut se passer de ce genre de médicaments durant des semaines, on se demande bien pourquoi on les prescrit d'ailleurs si on peut si facilement s'en passer).

Euphrasie note des moments de la vie d'Antonin dans son cahier: au détour d'une anecdote on apprend qu'il est issu d'un mariage totalement consanguin. Euphrasie et Antoine-Roi sont cousins germains, ils ont d'ailleurs obtenu une autorisation des autorités pour pouvoir se marier. Antonin est l'ainé d'une famille de 8 enfants mais ils n'en restent plus que 3. Sa petite soeur Germaine est morte sous les coups de sa gouvernante, sous ses yeux alors qu'il avait 9 ans. Sa maman l'a laissé tombé sur la tête quand il était petit … mais bon, hein … quel gamin n'a pas chuté dans son enfance?

Est-ce à cause de toutes ces erreurs (horreurs) de son fait qu'elle est du coup extrêmement indulgente et compréhensive vis-à-vis d'Antonin?

Petit, dès 4 ou 5 ans il commence a souffrir de migraines, puis de troubles nerveux. Toute sa vie il subira des traitements lourds, des piqûres de produits qui deviennent rapidement addictifs, des électrochocs qui le laissent dans le coma à chaque fois … et plus les années passeront, plus il sera contraint, jusqu'à se retrouver enfermé durant 9 ans en asile. Période qui finalement rassure sa mère puisque là au moins il est logé, nourri, sous surveillance, il ne peut rien lui arriver … sauf qu'il ne vit plus sa vie, il la subit.

Elle répète plusieurs fois qu'elle fait entière confiance en la science, aux médecins, j'en suis arrivée à me demander si elle ne faisait pas passer un message subliminal aux anti-vax de tout poils.

Sa façon de culpabiliser, de tout ramener à elle, de ne pas supporter qu'il ait des amies, qu'il rencontre des femmes. Puis celle de s'oublier à ce point pour lui venir en aide … elle marche, elle court partout, elle se prive de nourriture pour lui apporter des paniers lourdement garnis, paniers qu'elle dépose aux gardiens de l'hôpital … puis elle s'étonne que les paniers soient pillés et que les vivres ne lui arrivent pas … est-elle donc si stupide? En pleine guerre, il n'y a plus rien à manger nulle part, les jeunes hommes en bonne santé sont mobilisés, il est clair que ces pauvres fous en institution n'intéressent absolument personne et que ceux qui restent en vie et sains d'esprit n'auront pour objectif que rester en vie, quitte à voler les patients …

Son abnégation frise l'imbécilité. On peut être fière de son fils et lui reconnaître des failles, mais pas chez Euphrasie … On oscille tout le temps entre compréhension, culpabilité, fierté de son génie de fils, et à la longue, si peu de discernement, ça lasse et ça en fait un livre peu intéressant.

Si le livre de Justine Lévy m'a finalement peu convaincue, j'ai été piquée de curiosité et j'ai parcouru en quelques heures l'oeuvre d'Antonin Artaud que je ne connaissais que de nom. J'ai apprécié certains de ses textes, d'autres m'ont paru bien abscons … J'ai aussi écouté avec grand intérêt quelques extraits d'émissions proposées par France Culture.





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