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Critique de lalahat


Mon affinité pour la Bossa Nova s'explique en partie par le fait que, née en 1962, j'appartiens à la génération Bossa. le 2 août de cette année-là, se rassemblent à Copacabana autour de Joao Gilberto, les bonnes fées du genre : Jobim, Vinicius de Moraes, Milton Banana. Un album grave les sons délicieux de compositions de Jobim et de Baden Powell interprétées à cette occasion, précise Isabelle Leymarie. Bien qu'à quelques milliers de kilomètres de distance, j'ose imaginer que la magie de cette musique a bercé quelques jours plus tard mes premiers instants sur la planète Terre. Son élégance, sa douceur, le soleil et la mer qu'elle évoque, l'oisiveté et la paresse qu'elle suscite, me séduisent toujours. C'est dans son aspect intimiste et minimaliste que je la préfère.

Isabelle Leymarie rappelle le contexte qui a fait émerger la Bossa Nova à partir de 1956, lors des années Kubitschek, le "président Bossa Nova". C'est toutefois au début des années 60 qu'elle connait son heure de gloire sous la dictature militaire des années de plomb, malgré toutes les difficultés que connurent alors les artistes.
La musique brésilienne, ce n'est pas seulement la bossa. L'ouvrage d'Isabelle Leymarie dresse l'inventaire des apports culturels d'une variété impressionnante qui ont préparé son émergence. La lecture est assez fastidieuse, mais l'intérêt en est indéniable. C'est tout un vocabulaire qui sera récurrent dans l'ouvrage, avec lequel le lecteur doit se familiariser. Surtout, on comprend ce que sont les racines de la musique brésilienne.
L'auteur rapporte parfois des anecdotes truculentes, comme l'histoire de la chanteuse Maria do Carmo qui devient possédée lors d'une représentation avec l'orchestre d'Abigail Moura et arrête là sa carrière. Certains précurseurs comme Johnny Alf et le saxophoniste Casé au talent indéniable semblent manquer totalement d'ambition. Ils passent ainsi à côté d'opportunités avec un détachement étonnant. Leur philosophie de la vie s'accorde en fait à l'indolence exprimée dans leur musique. Baden Powell résistera lui aussi aux propositions d'un agent qui lui promettait de faire de lui "le plus grand guitariste de tous les temps".
La musique brésilienne s'expatrie à partir des années 60. Elle connait un grand succès aux USA. le morceau Gentle Rain, par exemple, enregistré par Luiz Bonfa sera repris des années plus tard par des chanteuses comme Stacey Kent et Diana Krall qui se l'approprient et en donnent pour l'une une version sophistiquée et pour l'autre une interprétation grave et introspective. En France, c'est Baden Powell qui se fait l'ambassadeur de la musique brésilienne. Stan Getz et Astrud Gilberto partent en tournée aux USA et en Europe avec à leur programme The girl of Ipanema. Archie Shepp se colle aussi à l'emblématique girl et offre une version quelque peu déjantée du morceau. Jobim est approché par Sinatra. La vague Bossa atteindra même le Japon.

L'ouvrage de l'érudite Isabelle Leymarie est à lire avec internet à portée de main pour l'écoute et les photos, dont il est malheureusement dépourvu. L'auteur aurait pu consacrer un chapitre à la musique brésilienne au cinéma. le sujet mériterait à lui seul un nouvel ouvrage. le lecteur pourra se constituer de formidables playlists. Pour ma part, je termine ma lecture sur les douces notes de Paulinho Nogueira. Son album O fino do violao Vol 2 est idéal pour conclure en toute quiétude.
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