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Critique de le_Bison


Je me retrouve au fin fond ou aux confins de la Chine, dans une région plus près du Kazakhstan que de la véritable Chine, un territoire où mon regard se pose vers un horizon sans bornes, sans limites, découvrant ainsi sur des kilomètres la poussière se lever sous le vent assourdissant. Là-bas, j'aperçois au loin, une fumée qui s'élève vers le sommet des cieux, comme un point de repère, j'imagine ce premier feu matinal, la marmite qui chauffe, un premier bol de riz pour les bergers, les promeneurs, les routiers de ces grands espaces.

Les premières neiges tombent d'ailleurs sur cette poussière des steppes, le vent se fait plus froid, les vêtements plus chauds, un nouveau feu s'allume au milieu de la yourte. Là, une jeune couturière travaille avec sa mère et sa grand-mère, au gré du vent et des migrations humaines. le temps d'un voyage en terre inconnue, où justement le temps n'existe plus - tout comme l'espace, je pénètre l'intimité de ces femmes, leur mode de vie et celle aussi de ce coin retiré du monde, un monde presque encore ancestral où la préoccupation première serait de balayer devant sa tente la poussière de la vie et de regarder, observer les profondeurs de la nature, ses couleurs, ses parfums, ses nuages – de pluie, de vent, de poussière -, ses silences.

Un regard émerveillé sur cette vie m'habite tout au long de ce roman, à l'inspiration quasi autobiographique. Il vaut autant pour l'histoire que pour son intérêt ethnographique – harmonia mundi – cela faisait longtemps que je n'ai pas trouvé un tel plaisir, un tel enchantement vers la littérature « chinoise » - qui ici se retrouve presque être une littérature kazakhe, une littérature des steppes, une littérature de la poussière. Partager cette vie nomade et découvrir ce monde avec un autre regard presque vierge de toute technologie, celui d'un autre temps.

Et surtout quel fabuleux dernier chapitre, l'un des plus beaux, des plus sauvages, des plus émerveillant que j'ai pu lire ces derniers temps. Sublime et magnifique, un silence à couper le souffle, une poussière qui prend vie, des herbes folles et sauvages dans l'infini des pâturages et des rochers montagneux. le soleil assèche la terre, j'ai soif, j'entre dans la yourte, elle me sert une bière, bien fraîche, salvatrice. Un petit bonheur dans la poussière des steppes.
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