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Critique de Pois0n


On trouve parfois de drôles de choses dans les boîtes à livre. Tu parcours distraitement les titres, quand, soudain, tu te demandes si tu as bien lu. Retour en arrière... ah oui, tu as bien lu. « Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? » Là, tu regardes le résumé. Tu te marres bêtement. C'est n'importe quoi. Oh, et puis après tout, pourquoi pas ? Tu ne l'aurais jamais acheté, ça n'est pas du tout ton style de lectures habituel, mais juste pour rigoler... Voilà comment un mois plus tard, tu te retrouves à lire, au premier degré s'il vous plaît, « Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle ».

Vous vous en doutez, ça ne vole pas très haut, et surtout au niveau de la ceinture. Est-ce une autobiographie ? Une autofiction ? La rapidité avec laquelle les proies d'Étienne (il n'y a pas d'autre mot ; ne dit-il pas lui-même qu'il est en chasse ?) se déshabillent laisse penser, au mieux, à une réalité exagérée.

Autant le dire tout net : se serait-il intéressé aux adeptes de n'importe quelle autre religion, le livre se serait directement retrouvé affublé du suffixe « -phobe » tant les cathos prennent cher, et moins au lit qu'ailleurs. C'est là, finalement, ce qui m'a le plus gêné, étant donné que pour le reste, quand tu ouvres un tel ouvrage, tu te doutes que le politiquement correct peut aller se faire voir (et encore, je m'attendais à franchement pire). On peut ne pas partager une religion (perso, je ne suis pas catho non plus), on peut expliquer pourquoi, mettre le doigt sur ce qui nous chiffonne, ce qui nous paraît absurde... mais il y a la façon de le faire. Et Étienne, avec ses gros sabots, il a oublié le respect en cours de route. Autant on trouve parfois de savoureuses petites mises en valeur des contradictions de l'église, autant des phrases comme « Ah, les débiles, c'est grave d'être aussi naïfs et crédules », non, ça, ça ne passe pas. D'autant que les gens qu'il croise se montrent, globalement, d'une gentillesse incroyable, à l'exception des fachos dont les propos sont si abjects qu'ils ne méritent pas la moindre compassion. Tiens donc, se mettrait-on, comme nos pèlerins lubriques, à faire de petits arrangements avec notre morale ? C'est fort possible.

Toujours est-il qu'au delà de la religion, il y a là une forte dimension sociologique et politique, à laquelle on ne s'attend pas forcément dans ce genre d'ouvrage « léger ». On sent, dans la plume d'Étienne Liebig, que les grivoiseries ne sont pas seulement là pour amuser, qu'il est question de soulever plus que les femmes croisées sur la route, avec une finesse inversement proportionnelle aux propos tenus en clair. Et mine de rien, c'est sacrément bien tourné, tout ça. Vulgaire quand il est question de sexe, certes, mais joliment narré, presque soutenu, le reste du temps. Étienne est peut-être un obsédé, mais un obsédé qui sait écrire.

Reste qu'Étienne n'est définitivement pas un narrateur très sympathique. Il ment comme il respire dans l'unique but de mettre toutes les femmes qu'il croise dans son lit (ou l'herbe fraîche, il n'est pas difficile). Il y a les mensonges acceptables (se faire passer pour un pèlerin, qui est la base du truc), et ceux qui ne le sont pas (feindre le handicap, c'est non, de la part d'un vrai handi qui n'a pas apprécié). Ceci dit, ce n'est pas comme si Étienne s'en souciait. « Acceptables ou non *pour qui* ? » répondrait-il sans doute. Autant dire que l'on jubile lorsque le périple de ce Don Juan des chemins boueux ne se passe pas du tout comme prévu.

Immoral, irrévérencieux, outrageusement provocateur, « Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle » est le genre de bouquin que l'on n'ouvre pas au hasard. Si l'on sait à peu près dans quoi on met les pieds, on ne peut pas le considérer comme un mauvais livre. On ne peut pas lui reprocher sa morale douteuse, puisque c'est ce que l'on y vient chercher. Ce qui ne revient pas non plus à tout approuver...
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