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Critique de horline


Lire Zhong Lihe c'est revenir à une littérature un peu surannée où un amour naissant, interdit par quelques conventions sociales est irrévocablement sublimé par la tension existant entre ces règles issues de traditions ancestrales et l'élan de liberté de la jeunesse. C'est alors l'éloge de l'amour magnifié, éthéré emprunt de délicatesse et de pudeur.
Lire "La ferme de la montagne Li" c'est également et peut être surtout découvrir une littérature exotique aux saveurs de litchis et de caramboliers, on est au coeur de la campagne taïwanaise occupée par les forces japonaises pendant les années 30. Pour autant, l'occupation n'est guère contraignante pour la famille de Liu Shaoxing qui a décidé d'installer une exploitation agricole au pied de la montagne Li. Une exploitation de caféiers _ oui vous avez bien lu une exploitation de caféiers _ au pied "des montagnes dressées comme une muraille et couvertes d'une forêt touffue et verdoyante", totalement isolée du monde et propre à créer un sentiment de douce quiétude insensible aux affres qui agitent la ville. Seuls des sentiments pourtant bien tendres entre Liu Zhiping, le fils du patron et Liu Shuhua ouvrière, pouvaient briser cette douce torpeur qui avait gagné la population paysanne cernée par les montagnes et donc quelque peu figée sous le poids des traditions Hakka.
"La ferme de la montagne Li" a indéniablement le charme de l'exotisme : au-delà des lieux et des odeurs, on découvre une société paysanne profondément enracinée dans des règles communautaires séculaires, des liens d'appartenance hakka puissants et impitoyables… des contraintes sociales prégnantes et archaïques qui sont parfois difficilement saisissables pour le lecteur.
Zhong Lihe a le talent pour préserver une esthétique lointaine empreinte de suavité qui éloigne la tentation d'enfermer le récit dans une critique vigoureuse de la société paysanne de l'époque. Avec une écriture charnelle exaltant les sens, une vision panthéiste qui imprime le rythme de la narration et harmonise les sentiments des personnages aux variations de la nature, l'auteur se révèle maître d'esthétique et d'ambiance. Si à la saison des pluies l'amour emplit progressivement les coeurs à mesure que la pluie inondait les champs au pied de la montagne, le retour du printemps marque l'envahissement de la campagne par une brume de chaleur et un éveil des sens propre à submerger Zhiping et Shuhua de désirs ardents. Il y a dans ce roman une atmosphère particulière qui tend à idéaliser toutes les nuances des sentiments humains et la beauté de la nature très chère à l'auteur.

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