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Critique de Cancie


Le narrateur, un enfant de dix ans, passe l'été sur la côte normande avec sa grand-mère. Pour tromper son désoeuvrement, il va sur la plage et observe les familles, les vraies familles ; ce qui l'intéresse c'est de voir des parents avec leurs enfants. Mais, un jour, alors qu'il ausculte une méduse à l'aide d'un bâton, il est abordé par un autre garçon, Baptiste. de cette rencontre, naît une amitié immédiate et sans faille entre eux deux.
C'est ainsi que cet enfant de dix ans, timide, rêveur, réfléchi et très sérieux, qui vit dans une solitude extrême et a du mal à trouver une place dans son monde marqué par des silences et des blancs va se lier avec Baptiste, son complet opposé avec sa famille idéale.
Hugo Lindenberg traduit de façon admirable les sentiments de l'enfance avec toutes les difficultés rencontrées pour trouver sa place. Il décrit à merveille les sensations rencontrées par ce jeune enfant isolé dans ses interrogations et qui découvre une autre vie, la honte sociale et familiale face à ce nouvel ami, et pourtant il l'aime sa grand-mère !
J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié la manière indirecte employée par l'auteur pour évoquer le passé de cette femme en le faisant revivre par la voix de l'enfant qui dit par exemple : « je veux qu'elle me reparle de la polenta qu'ils mangeaient dans le camp de réfugiés et de… , Qu'elle redise son frère, à elle, tombé sous les balles allemandes, ... »
Cette période de l'enfance où l'on se cherche, où l'identité n'est pas encore complètement affirmée trouve dans ce roman une place de choix.
L'auteur croque ainsi de magnifiques portraits, dont celui très beau de cette grand-mère.
Avec une écriture ultra-sensible et juste, Hugo Lindenberg, avec Un jour ce sera vide nous offre l'univers de l'enfance avec sa poésie mais aussi ses monstres et ses élucubrations et comment, à travers l'amitié de deux enfants, le narrateur va rencontrer le monde et se découvrir lui-même.
C'est aussi un roman qui explore le poids des traumatismes laissés par l'Histoire, quand le silence comme ici a été de mise sur les crimes commis et l'implication que cela peut avoir sur la construction d'un enfant. J'aurais aimé peut-être un peu plus de précisions sur les drames historiques qui ont jalonné cette famille que l'on suit sur trois générations.
Néanmoins, si ce livre est fait de beaucoup de silences, il n'en est pas moins rempli de scènes lumineuses et d'une grâce folle.
Récipiendaire du Prix du Livre Inter 2021, Hugo Lindenberg réussit un magnifique et bouleversant premier roman.
Un jour ce sera vide est une très belle évocation des sensations éprouvées dans l'enfance et une brillante étude psychologique sur la construction d'un être et comment l'amitié peut aider à grandir et à traverser cette période parfois difficile.
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