On se soumet à son histoire ou on s'en libère en l'utilisant.
Tel est notre choix, contrainte à répéter ou à se dégager.
(Boris Cyrulnik)
Duras a confié, lors d'un entretien avec Bernard Pivot que, pour elle, l'écriture était la seule chose qui puisse être plus forte que sa propre mère. La seule façon pour elle de rivaliser avec sa mère si "toute-puissante" était d'écrire, de reconnaître le risque d'anéantissement et de s'en défendre par l'écriture. Duras n'est pas Lol, car "elle écrit, elle est cri".
L'enfant apprend très vite à savoir ce qui est toléré et ce qui ne l'est pas, ce qu'on attend de lui. Il réprime ses sentiments qui ne peuvent être entendus ; il ne peut les vivre si sa mère ne les accepte pas, ne peut les supporter. Il apprend à se conformer à ce qu'on attend de lui : être présent pour sa mère, être restructurant pour elle, correspondre à ses désirs. Il refoule tout ce qui peut l'éloigner de l'intérêt de sa mère. Il refoule son vrai soi qui ne peut se construire. "Le vrai soi est dans un état de non-communication", écrit Winnicott. Le vrai soi reste dans l'inconscient et ne se développe pas. Alors la fille adulte a un sentiment de vide, de non-appartenance.
"Le ravissement de Lol V. Stein"
Ce roman de Marguerite Duras montre la capacité d'une mère à voler la vie de sa fille, et, surtout la capacité de la fille à la laisser faire.
Le roman raconte l'histoire tragique d'une jeune fille Lol V. Stein, qui s'éprend d'un jeune homme, mais qui, lors d'un bal d'été, se voit ravir son fiancé par une femme plus âgée. Cette femme mûre la dépossède de tout ce qu'elle a mais Lol ne réagit pas, elle reste dans le ravissement de cette femme plus âgée à qui elle laisse tous les droits.