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Critique de nadejda


Germinal Massagué, devenu un vieil homme de 87 ans aux yeux étrangement fardés de bleus va accepter, afin que tout ce qu'il a vécu ne soit pas perdu, d'enregistrer ses souvenirs au cours de 26 séances, en se confiant à un jeune réalisateur, Lluis Sedan.
« Quatre-vingt-sept années de vie, construites jour après jour, entre la colère des dieux et le châtiment des démons, la passion et le dégoût, l'héroïsme d'une action et la médiocrité de toutes les autres, l'amour qui ne meurt pas et la mort de celui qui tombe amoureux… »

Germinal est le fils de Josep Massagué, orphelin, embarqué à 14 ans sur un vieux paquebot le Sirena qui faisait route toutes les semaines entre Sòller et Sète et Marie Guillaume sétoise qui le suivra à Barcelone.

Malgré la pauvreté, il vécut une enfance et un début d'adolescence heureuses, en compagnie de ses trois amis, Joana, David et Mireia. Bercés par la mer, le quartier plein de vie et de couleur de la Barceloneta leur était « comme un foyer vaste et généreux » prolongation de la chaleur familiale.
A la sortie de cette enfance protectrice il vont se sentir d'autant plus vulnérables que va se développer graduellement une violence qu'ils ne mesurent pas immédiatement mais à laquelle ils seront inéluctablement confrontés.
Ils vont être conduit de perte en perte, au milieu du chaos grandissant de la guerre civile.
Et le pire sera après la victoire des troupes nationalistes.
« Je commençais à comprendre ce que signifiait perdre la guerre. J'étais allé me battre, tuer, survivre, mais pas une fois alors que la mort me frôlait je n'avais pensé à ce qui se passerait si nous perdions la guerre. Et voilà que soudain j'étais en train de découvrir et de mesurer le prix inconcevable que nous aurions à payer, et cela me prenait au dépourvu. p 268
Car les forces noires ne peuvent tolérer la beauté, l'intelligence et la générosité qui leur sont un affront en les renvoyant vers leur laideur et leur abjection. Alors ils massacrent, ils salissent et plus encore ils essaient de tuer toute humanité dans les êtres les plus généreux pour les réduire à leur merci.

Dans toute cette horreur, il reste pourtant un îlot de beauté et d'amour qui survit, sous les auspices de Ramon Llull, entre Germinal et L'Ami Aimé

«  L'Ami allait par une ville comme un fou en chantant son Aimé ; et les gens lui demandèrent s'il avait perdu la raison. Il répondit : « Mon Aimé m'a pris ma volonté et je lui ai donné mon entendement ; il ne me reste donc que la mémoire pour me souvenir de mon Aimé. » (54, Livre de l'Ami et de l'Aimé)

Anava l'amich per una ciutat com a foll, cantant de son amat ; e demanaren-li les gents si avia perdut son seny. Respòs que son amat havia pres son voler, e que ell li avia domat son enteniment ; per açò era-li romàs tan solament la remembrament, ab què remembrava son amat.


Cet ilôt est né pour les deux amis au sein de leur école, nommée L'école de la mer, fondée par des hommes et des femmes qui oeuvraient pour donner un sens à l'un des plus beaux mots qu'on puisse trouver dans un dictionnaire : « enseignement » ; une école dont la devise était : « Apprendre à Penser, à Ressentir, à Aimer »
Et même si tout a été tenté pour détruire cet idéal, il reste dans les mémoires.

Un livre beau et bouleversant qui émeut autant que certaines chansons de Lluis Llach comme Nuvol Blanc. Ce roman plein de vie, d'humanité et d'amour laisse plein d'admiration et de compassion vis à vis de tous ces êtres qui se sont battus pour leur liberté.
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