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Critique de MarcelineBodier


A-t-on le droit de publier son journal intime ? C'est une des nombreuses questions que je me suis posée en lisant Semer des graminées. Spontanément, j'aurais répondu non. Après avoir lu ce livre, j'en suis moins certaine. Peut-être qu'on en a le droit, dès lors qu'on retravaille ce journal de manière à en extraire la partie qui suit un fil, de manière à le réorganiser pour qu'il se mette à ressembler plus à un livre dont le plan a été pensé qu'à une réflexion désordonnée au jour le jour. Le problème avec un vrai journal intime, c'est qu'il parle tellement des problèmes de son auteur qu'il finirait par ne plus trouver d'écho chez un éventuel lecteur, qui ne pourrait y voir qu'une plainte encombrante là où il aurait envie que le texte lui parle aussi de lui ; l'avantage avec un journal intime réécrit, c'est que l'auteur lui a appliqué le filtre nécessaire pour que le lecteur puisse se l'approprier et y superposer sa propre expérience, comme dans une fiction.

Oui, mais a-t-on le droit de partager des sentiments aussi intimes au sujet d'un moment aussi personnel ? Il s'agit des mois qui ont précédé la mort du père de l'auteure, du cheminement que l'on fait depuis le moment où l'annonce est faite que "papa va mourir" jusqu'au jour de cette mort. Rien que cette phrase est difficile à écrire. Alors la lire pendant une heure... il faut vraiment un auteur de talent pour que ce soit supportable et Nathalie Longevial démontre donc qu'elle a incontestablement un très grand talent d'écriture. Bravo.

Oui, mais a-t-on le droit de faire autant pleurer ses lecteurs ? La quatrième de couverture annonce sans fard le sujet du livre, et j'ai pris sur moi en décidant de le lire quand même. Pourtant, j'ai toujours reculé à l'idée de lire Une mort très douce, par exemple ; cette fois, je n'ai franchi le pas que pour suivre une auteure autoéditée dont j'avais beaucoup aimé le premier livre, Parce que la vie ne suffit pas. Alors oui, on pleure, autant à cause du sujet que de la très belle plume de l'auteure, et malgré sa capacité (carrément bienvenue) à nous faire très souvent sourire avec ses néologismes, son humour subtil et ses multiples trouvailles de style. On pleure, et c'est un vrai problème, infiniment troublant, car on pleure sur un des plus grands séismes de la vie sans être forcément en plein dedans au moment de la lecture. A chacun donc de décider s'il peut supporter d'affronter cela, en sachant qu'il accèdera, petit bonus, au secret du sens vraiment magnifique et bouleversant du titre du livre.
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