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Critique de 5Arabella


Éditée en 1619, la pièce a sans doute été créée entre 1610 et 1613, sans grand succès semble-t-il. Elle a été redécouverte par les romantiques et elle est aujourd'hui une des pièces les plus connues et jouées de l'auteur.

Nous sommes à la fin du XVe siècle, pendant la guerre de Succession de Castille. L'action de la pièce est double (ce qui lui a été reproché) avec comme lien le personnage de grand commandeur de l'ordre de Calatrava, Fernan Gomez. le Commandeur pousse le Grand Maître de son ordre à combattre contre les Rois catholiques, Isabelle et Ferdinand, ce que ce dernier, très jeune finit par faire. L'ordre prend la ville de Ciudad Real. le Commandeur rentre chez lui, à Fuente Ovejuna. C'est un maître cruel, qui se livre à des exactions sur les habitants du bourg, en particulier en abusant des jeunes femmes. Il a des visées sur Laurencia, la fille de l'alcade. Celle-ci aime Frondoso, qui menace le Commandeur d'une arbalète lors d'une tentative de viol. le Commandeur furieux doit partir se battre. Les deux jeunes gens en profitent pour organiser leur mariage. Pendant celui-ci, le Commandeur battu sur le terrain militaire, revient au village, emprisonne Frondose et enlève Laurencia. Cette dernière parvient à s'échapper et pousse le village à la révolte. le Commandeur et ses séides sont exterminés. le village prépare sa défense : il faudra répondre à la question « Qui a tué le Commandeur » Fuente Ovejuna. Et c'est ce que fait le village dans son entier, même sous la torture, lorsque viennent les enquêteurs royaux. Les souverains décident de ne pas châtier, puisqu'il impossible de trouver un coupable.

La question de la tyrannie et de la possibilité de tuer un tyran était une question débattue à l'époque. En plus de faits caractérisés, d'abus suffisamment importants, la légitimation d'un tyrannicide passait par une décision collective d'une communauté, le châtiment ne devait pas venir d'un seul particulier. Ce qui est dépeint ici, c'est le village dans son ensemble et à l'unanimité qui décide de punir le Commandeur, et comme nom du coupable, les villageois donnent le nom du village, c'est à dire toute la communauté. C'est donc une action légitime.

Par ailleurs le Commandeur est présenté comme un tyran sans aucune ambiguïté. Bien sûr dans son comportement avec les villageois, mais aussi en poussant à la guerre le Grand Maître qui est un jeune homme, dépassant les limites de sa fonction en lui imposant sa volonté. Il trahit aussi ses souverains, remettant en cause toute la hiérarchie sociale. Il détruit toute l'harmonie du monde, risque de mettre en péril tous les fondements de la société. L'intervention royale vise à remettre le monde en ordre, avec la juste place qui revient à chacun. le village reste d'ailleurs acquis à l'ordre de Calatrava, le Grand Maître ayant fait son allégeance aux souverains, n'étant plus sous l'influence néfaste du Commandeur. Lope de Vega ne remet en aucun cas en cause la royauté, mais invite plutôt les détenteurs du pouvoir à une forme de modération, et au respect des structures sociales traditionnelles. le suzerain a des droits mais aussi des devoirs vis-à-vis de ses sujets, dont celui de la justice.

C'est une pièce très forte et dont le succès est tout à fait légitime.
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