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Critique de Milllie


1918 dans le Nordeste : Eugenia, 15 ans, n'a pas le choix et doit se soumettre à ses parents, elle épousera le riche propriétaire terrien veuf et déjà doté de 2 enfants qui s'est entiché d'elle. Mais le tempérament rebelle de la jeune fille la pousse à la lutte et, aidée de son amie Ines Flores, elle tentera tout pour se libérer. Cent ans après, Alice, lointaine descendante de cette famille Flores, croit rêver quand elle reçoit d'une vieille tante inconnue un voile de mariage en dentelle : que va-t-elle donc faire avec ce symbole du patriarcat et de la soumission féminine ? Mais le voile va lui livrer ses secrets et l'histoire de sa famille et de leur malédiction.

On plonge dans cette Malédiction des Flores comme dans tout bon roman sud américain de réalisme magique qui se respecte. Déjà, la couverture, magnifique, donne le ton : des fleurs et deux jeunes filles que tout semble opposer, mais pourquoi l'une d'entre elles tient-elle un crâne ? Et puis cette étrange famille Flores, habitant une non moins étrange maison au jardin rempli de fleurs et d'oiseaux, tant de fleurs que tout le monde va oublier le vrai nom d'origine de la famille pour l'appeler définitivement Flores ! Que des femmes, les maris ayant tendance à mourir précocement depuis que l'un d'eux a offensé une gitane qui l'a maudit pour plusieurs générations. L'histoire révèle petit à petit ses contours, ses étranges mystères et ses images poétiques d'un Nordeste mi fantasmé mi réel. C'est cet art de la dentelle dérobé aux religieuses par une jeune fille plus dégourdie que les autres qui permettra ensuite aux femmes de la ville de s'émanciper un peu en gagnant leur propre revenu et qui servira les projets de fuite d'Eugenia. C'est ce monde si dur des années 20 au Brésil où les femmes sont prisonnières de leur destin, simples épouses ou mères sans jamais leur mot à dire, où le qu'en dira-t-on et l'Eglise règnent en maîtres. Par petites touches et à travers un récit toujours prenant, le lecteur étant vite happé par l'histoire bouleversante d'Eugenia, l'auteure nous en dit beaucoup sur la société de l'époque.

Par contraste, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans la partie contemporaine du récit que j'ai trouvé beaucoup plus fade. Certes Alice, jeune femme moderne se débattant avec les contradictions d'un monde où les femmes sont plus libres mais où tant reste à faire, est attachante mais les premiers chapitres racontant la vie de la jeune fille, ses disputes avec sa mère ou ses déconvenues amoureuses m'ont moins passionnée. Heureusement les deux histoires finissent par converger et prennent de l'ampleur quand Alice rencontre ses racines par le biais du fameux voile de mariage au message codé : les découvertes de la jeune fille dans sa ville natale vont nous permettre petit à petit de boucler les trous de l'histoire et de connaître le destin d'Eugenia, Ines et sa petite soeur aveugle, l'attachante Candida.

Au final, la Malédiction des Flores est un livre que j'ai beaucoup apprécié, une lecture à la fois facile, prenante et très intéressante. Un excellent prétexte pour découvrir le Brésil et voyager dans les couleurs et les senteurs du Nordeste tout en faisant passer de beaux messages sur la condition féminine, la sororité et la lutte perpétuelle des femmes pour s'émanciper et vivre comme elles l'entendent. Une très belle découverte d'une auteure dont je lirais avec plaisir les prochains romans, un grand merci à Babelio, aux éditions Seuil et à la Masse Critique privilégiée qui m'a permis de gagner ce livre.
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