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Critique de catherineCM


Je n'avais jamais rien lu de Pierre Loti mis à part des extraits de Pêcheurs d'Islande… Ce qui ne m'attirait pas beaucoup. C'est en cherchant un titre à lire pour le challenge Solidarité que je l'ai découvert et cette lecture m'encourage à poursuivre l'exploration de son oeuvre. Son métier d'officier de marine l'ouvre sur le monde et des modes de vie qui le fascinent. Les désenchantées est un roman qu'il a écrit en 1906 alors qu'il revient à Constantinople, pour la seconde fois. Trente ans plus tôt, lors d'une escale en Turquie, il tombe amoureux du pays mais aussi d'une femme Hatidjé, jeune circassienne qui appartenait au harem d'un dignitaire turc avec laquelle il vivra une très grande histoire d'amour. Il en tirera deux romans « aziyadé » et « Les fantômes d'Orient ». Dans ce roman, les désenchantées, Pierre Loti se met en scène sous les traits de André Lhéry, écrivain et diplomate français en poste dans l'ancienne Constantinople qui rencontre trois femmes de la haute société stambouliote, européanisées, cultivées, ayant reçu la meilleure instruction … et qui connaissent et admirent l'écrivain. Mais, prisonnières des traditions et de la religion, elles n'ont aucun avenir si ce n'est d'être mariées sans leur consentement, recluses dans un harem, subissant la violence de la polygamie et arborant le tcharchaf, voile intégral, dès lors qu'elles sortent de leur prison dorée. Ces trois femmes, révoltées et frondeuses, demande à l'auteur d'écrire un livre pour plaider leur cause… des rendez-vous secrets entre eux quatre, des cérémonies officielles auxquelles tous sont invités, des courses maritimes sur le Bosphore seront les lieux des échanges, des confidences, des regards croisés et de la supplication d'écrire ce livre… Un jour se pose la question du titre de l'ouvrage à venir. La recherche aboutit à la proposition de « Les désenchantées » qui ne paraît pas assez dénonciateur pour Djénane, la jeune femme dont Lhéry semble le plus proche. « Les Désenchantées », dit-elle, « On est désenchanté de la vie quand on a vécu ; mais nous au contraire qui ne demanderions qu'à vivre ! … Ce n'est pas désenchantées, que nous sommes, c'est annihilées, séquestrées, étouffées… » Ce roman bien qu'écrit au début du 20ème siècle résonnent avec des faits d'actualité où les droits des femmes sont bafoués au nom de la religion. L'écriture sensible, l'ambiguïté entretenue dans les sentiments amicaux voire amoureux entre les protagonistes, le fantasme de l'insoumission et les descriptions envoûtantes du vieil Istanbul et du Bosphore m'ont ravie et bouleversée à la fois. C'est sûr, je referai un voyage avec Pierre Loti !
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