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Quel écrivain français bourlingua sur les océans, du Bosphore à Tahiti en passant par Valparaiso ou la mer de Chine ? Mais son roman le plus célèbre se déroule en Bretagne
« Pêcheurs d'Islande » de Pierre Loti, c'est à lire au Livre de poche.
Tout ce que je sais, je l'ai appris à mes dépens.

Saint-Jean-de-Luz conserve encore quelques recoins charmants, quelques tranquilles et honnêtes petites rues, empreintes du cachet local : toits débordants ; façades peintes à la chaux, où s'entrecroisent des poutres vertes ou rouges ; grands arbres passant par-dessus des clôtures de jardins ; échappées de vue sur la mer bleue ou les Pyrénées brunes ; paix et silence, entre des murs blancs, sur un pavage de galets marins...
Mais l'horreur des constructions modernes va se multipliant chaque jour. Pas un bout de plage, pas une gentille colline que ne déshonore à présent quelque grande bâtisse coûteuse, conçue par des rastaquouères extravagants, par des snobs en délire...
Quand ce serait si simple, mon Dieu, pour ne pas défigurer ce pays, de bâtir des maisons basques, comme certains rares artistes ont eu le bon goût de le faire !...
Hélas ! hélas ! qui nous sauvera de la pacotille moderne, du faux luxe, de l'uniformité et des imbéciles !...
Dans ce ciel très couvert, très épais, il y avait çà et là des déchirures, comme des percées dans un dôme, par où arrivaient de grands rayons couleur d'argent rose.
Le navire se balançait lentement sur place, en rendant toujours sa même plainte, monotone comme une chanson de Bretagne répétée en rêve par un homme endormi.
C'est à l'approche de l'hiver que les chats portent leur plus belle fourrure d'un air de somptueuse et délicieuse opulence.
Ce beau profil à peine aperçu; ce regard superbe et un peu farouche; ces prunelles brunes légèrement fauves, courant très vite sur l'opale bleuâtre de ses yeux, tout cela l'avait impressionnée et intimidée aussi.
Aujourd'hui, Sylvestre et sa femme, seuls ensemble, s'en sont allés au cimetière, lentement. Là sans doute, au pale et trompeur soleil, ils se sont occupés à arranger les bouquets blancs encore frais, sur la petite fosse, sur l'horrible terre. Et maintenant le jour baisse avec des frissons désolés : l'heure de rentrer vient, l'heure où l'on ramenait au logis l'amour de petit enfant, les joues rougies par le vent du dehors... Ce soir, ils rentreront seuls, les parents ; c'est leur premier dimanche sans leur petit Roger ; ils l'ont laissé là-bas, décoloré et froid sous la terre. Dans leur chambre, quand ils seront de retour, devant le feu qui s'allumera, la petite voix vive et le petit rire délicieux ne s'entendront pas. La robe et le beau chapeau des jours de fête, serrés dans l'armoire, sont devenus de pauvres reliques, que le temps va bientôt démoder et jaunir.
Elle se savait jolie de figure, mais elle était bien inconsciente de la beauté de son corps. Du reste, dans cette région de la Bretagne, chez les filles des pêcheurs islandais, c'est presque de race, cette beauté là; on ne la remarque plus guère, et même les moins sages d'entre elles, au lieu d'en faire parade, auraient une pudeur à la laisser voir. Non, ce sont les raffinés des villes qui attachent tant d'importance à ces choses pour les mouler ou les peindre...
Elle l'aimait assez pour oser le lui avouer en face. Elle lui dirait : " Vous m'avez cherchée quand je ne vous demandais rien ; à présent, je suis à vous de toute mon âme si vous me voulez ; voyez, je ne redoute pas de devenir la femme d'un pêcheur, et cependant, parmi les garçons de Paimpol, je n'aurais qu'à choisir si j'en désirais un pour mon mari ; mais je vous aime, vous, parce que, malgré tout, je vous crois meilleur que les autres jeunes hommes ; je suis un peu riche, je sais que je suis jolie ; bien que j'aie habité dans les villes, je vous jure que je suis une fille sage, n'ayant jamais rien fait de mal alors, puisque je vous aime tant, pourquoi ne me prendriez vous pas ? "
Le temps est redevenu calme, sans un nuage ; il a cette limpidité particulière aux ciels que les typhons ont balayés, transparence excessive, permettant de distinguer dans les lointains d’infimes détails qu’on n’avait encore jamais vus, comme si le grand souffle terrible avait emporté jusqu’aux plus légères brumes errantes, ne laissant partout qu’un vide profond et clair. Et, après ces pluies, les couleurs vertes des bois, des montagnes, sont devenues d’une splendeur printanière, se sont rafraîchies – comme s’avivent d’un éclat mouillé les tons d’une peinture fraîchement lavée.