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Critique de belette2911


À 50 ans, si tu es une femme, que tu aies une Rolex au poignet ou pas, tu es quand même has been, retirée de ton foyer et envoyée au Domaine des Hautes-Plaines, pour y mener une vie tranquille. C'est le grand recyclage, la retraite à 50 ballais, en fait. Fuck la réforme des retraites !

Nous sommes en 2224, au cap Gris-Nez, dans un monde post-apocalypse, dans une dystopie qui met en scène une petite société d'humains qui se sont adapté à leur nouvel environnement, dans des sociétés avec moins de dépenses énergétiques, plus écologiques, sans violences (fini les meurtres, les vols, les viols,…), avec de l'empathie pour les autres, sans homophobie, sans racisme, sans religions…

Purée, mais c'est le pied, cette société ! Je signe où ? On pourrait l'avoir en 2024 et ne pas attendre 200 ans ??

Ah oui, mais il y a un mais… Un gros MAIS ! Les émotions des gens sont régulées, contrôlées… Alors oui, c'est facile d'endiguer les crimes et autres saloperies. Et puis, comme la fertilité a diminué et que les femmes sont plus nombreuses que les hommes (pauvres choux, va), elles doivent se retirer du jeu, à 50 ans et leurs époux (ou leurs compagnes, pour les couples lesbiens) est prié de reprendre une autre femelle et de refaire des enfants. Repeuplement démographique, en fait !

Oups, ça sent déjà moins bon, vous ne trouvez pas ? Et c'est là que réside toute la puissance de cette dystopie, car l'autrice, au lieu de nous plonger dans une société totalitariste et horrible, version "Servante écarlate" ou "1984", nous amène dans une société qui ressemble à un cocon, à un modèle parfait, à une société dans laquelle il fait bon vivre, loin du métro-boulot-dodo, en harmonie avec la Nature (qui a morflé).

Ce qui fout la trouille, dans cette dystopie, c'est lorsque l'on comprend ce qu'il pourrait y avoir derrière l'envers du décor (et on ne met pas 200 pages à capter qu'il doit y avoir une couille dans le pâté). Mais pour tout savoir, il faudra attendre le chapitre concerné et l'autrice vous donnera les détails au fur et à mesure… Glaçant et troublant, notamment avec les sempiternelles excuses du "nous n'avions pas le choix".

D'ailleurs, une scène m'a fait penser à celles de l'arrivée des Juifs et autres prisonniers, dans les camps de concentration… Et pourtant, je vous assure que la scène était joyeuse, dans ce roman ! Mais elle m'a fait l'effet d'une douche glacée. le talent de l'autrice était là aussi.

Mais avant d'arriver à l'épisode du grand recyclage, nous aurons à résoudre la mort mystérieuse de trois habitants du village et il faudra de la persévérance à certains pour mener l'enquête, sans se faire remarquer, puisque l'on a dit que c'était un tragique accident.

Deux arcs narratifs, donc, dans ce pavé de 500 pages : enquêter sur des morts mystérieuses, découvrir le/la/les coupables et se préparer au départ de certaines femmes pour le grand recyclage et à la vie d'après. Dire que personne ne se révolte…

Le côté polar est un peu léger, car ce n'est pas le plus important, mais ce qui arrivera lors des conclusions de celui qui a mené l'enquête et qui tentera de faire comprendre aux autres leurs erreurs, qui ont mené à cette folie ! Et là, c'était brillant, une fois de plus.

Si au départ, j'ai eu un peu de mal en commençant la lecture de cette dystopie, je me suis faite happer ensuite et même si je n'ai pas ressenti de véritable empathie pour les différents personnages, j'ai grandement apprécié ce récit d'anticipation, de ce post Grand Effondrement et cette société que l'autrice a mise en place, qui semble être un havre de paix, mais qui cache des trucs pas nets et qui nous renvoie vers nos sociétés à nous, notamment dans certains de nos travers, telle la surconsommation…

Une dystopie à découvrir absolument !


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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