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Critique de litolff


Edouard Louis a tiré un trait sur Eddy Bellegueule, il a pris sa revanche et on peut comprendre ses motivations à la lecture cette autofiction un peu ambigüe.
Car chez les Bellegueule, on est loin des Roses de Picardie de Montand, dont les protagonistes n'ont probablement jamais entendu parler : chez les Bellegueule, on passe le temps devant la télé, vu que de toute façon on n'a pas d'argent à dépenser ailleurs, on picole les uns chez les autres et on bouffe devant La Roue de la Fortune.
Edouard Louis-Bellegueule évoque une enfance marquée par la misère, le chômage, l'alcool, la vulgarité, la violence et l'inculture dans une commune très rurale de la Somme où le point de réunion des jeunes se situe dans un abribus… mais son plus gros problème, à Eddy, c'est cette tendance impossible à réprimer, à se comporter comme une fille : et ça, ça ne passe pas très bien ni chez ses parents, ni chez ses condisciples au collège ou au bourg, où homophobie se conjugue avec racisme, on n'est pas des tarlouzes chez les Bellegueule.
A mes yeux, l'exploit d'Edouard/Eddy a été de s'extraire de ce milieu prolétaire où la voie était tracée pour lui : usine, chômage, alcool et télé, une femme épousée trop tôt parce qu'enceinte à 17 ans et qui n'aura pas pu faire d'études, et une flopée de gosses qu'il faut nourrir et habiller tant bien que mal, on ne va pas en plus leur payer des études…
Car le village d'où vient Eddy n'est pas une exception en France, je connais des banlieues qui ont leur lot de personnes vivotant en marge de la société et de sa culture, l'alcool, la bêtise et la violence trouvent asile partout ! Mais quand on vit dans une grande ville ou en banlieue parisienne, il est peut-être plus facile, géographiquement parlant, d'aller voir ailleurs si on en éprouve le besoin, dans un village un peu paumé de la Somme, c'est une démarche difficile à tous points de vue.
Malgré quelques passages que j'espère exagérés (les séances de sodomie entre gamins de 10-12 ans, entre autres…), le contexte social dans lequel a vécu Eddy semble tout à fait vraisemblable et on comprend assez bien la rage, à 21 ans, d'un garçon qui a réussi à s'en extraire : ce que j'ai personnellement trouvé dommage, c'est l'absence de recul qui caractérise ce roman et la violence qu'il véhicule envers ses parents qui, sans doute, ont reçu ce livre en pleine gueule... Et pour cause, ils n'ont pas du comprendre... mais bon pour le moment, il n'est pas à l'ordre du jour de délivrer un permis d'engendrer.
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