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Critique de LoupAlunettes


Le charbon, les tunnels, la suie...
Ermine, nous le racontera avec désoeuvrement, les mines c'était le métier des hommes et de quelques femmes seulement, du père de notre héroïne et de son frère qui avait 17 ans quand elle descendra pour la 1ère fois en dessous.

À la mort du père dans les mines, c'est le jeune Guy qui reprendra les rennes de la famille. 17 ans.
Les lecteurs ados ne réaliseraient pas forcément aujourd'hui ce que cela pouvait être que de devenir un homme à 11ans pour apprendre le métier tôt, d'aller à la mine si on allait plus à l'école.
L'importance, la gloire de la tâche de fournir en charbon la nation entière ne sera guère réconfortante, l'auteure Anne Loyer insistera sur la pénibilité des actions.
Qu'elle descende dans les mines, la nation, hum? Il fallait le faire et que quelqu'un le fasse.

Le rapport homme/ femme intéressant.
Guy se montrera plein de rancoeur envers sa soeur Ermine, à qui ses parents auront offert la chance de prolonger son école, d'avoir un certificat d'étude, la chance d'être beaucoup plus qu'un mineur comme lui ou qu'une femme de mineur (vallait-elle mieux que lui, devra t-on comprendre par son attitude revancharde?
Si l'encourager, elle, était l'espoir de la famille, que faisait-il, lui, à descendre tous les jours et tôt le matin? Nous pourrions entendre aisément les deux points de vue, celui de Guy camouflé par l'agressivité et celui d'Ermine aussi, abandonnant ses espoirs, la pauvre.
Guy et Ermine,un frère, une soeur, "dans le même bâteau".
Descendant ensemble dans les mines, les rôles s'inverseront, c'est Guy qui saura et Ermine qui sera la "gourde", le maillon faible.
En lisant, on se doutera bien néanmoins que cette amertume omniprésente de Guy devra lui passer quand la tâche accablera de trop Ermine car Guy n'est pas un monstre, ses espoirs à lui sont quelques part ensevelis sous ses mines de gravats.
Sous l'effort qui l'écrasera, Ermine va rencontrer là-dessous Firmin, un rayon de soleil barbouillé de suie aux yeux bleus.

Firmin n'aura pas toujours connu la belle vie et pourtant affichera un drôle d'optimisme, se prenant aussi d'amitié pour Étoile, le cheval qui tirera les wagons de charbons.
Quand il n'y aura que l'obscurité des grottes, il y aura toujours cette lumière là, l'amitié pour ceux qui la trouveront essentielle pour continuer d'éclairer leurs pas et ne pas se déshumaniser.
Nous serons curieux de savoir combien de jours Ermine pourra tenir, si la mine pourrait la rendre aussi dure que Guy.
Ils ne pourront renoncer, se porter pâle, il y aura, en plus de la mère, deux plus petits qui auront besoin de tout et il ne faudra pas perdre une des rémunérations.

C'est écrit avec une douceur qui permettra d'entrer dans la peau de ces jeunes mineurs, une aventure poignante.
Ce charbon.
Une ressource si importante, surtout à une époque passée où il n'y avait pas autant d'alternatives à l'énergie. Il offrait du combustible et du carburant, chauffait les maisons au poële et propulsait les trains à grande vitesse.
Un vrai grand commerce, ces mineurs qui devaient ravitailler tout un monde industriel.
Il fallait pour entretenir ces besoins en énergie, pour extraire le minerai de charbon, beaucoup de gens.
Du travail pour tous?
Quel travail harrassant, quand on lit " Charbon bleu!"
Comment se satisfaire d'avoir au moins un travail?
Tâcher de ne pas mourir d'épuisement, d'intoxiquer ses poumons de crasse ou plus fatalement encore, de ne pas finir enseveli sous l'effondrement d'une galerie.
Rien ne pouvait vraiment garantir les bonnes conditions de sécurité, sauf éviter de creuser là où il ne fallait pas, apprendre les bons gestes qui ne mettront pas les autres en danger et bien connaitre ses grottes.
Les romans jeunesse parlant des mines n'insisteront pas toujours sur l'ensemble des tâches et Anne Loyer y fera descendre son jeune lectorat.
Ils tâteront, d'un peu de leur imagination, la pénibilité qui aurait pu être la leur si ils étaient nés là, dans le nord de la France, à cette époque, enfants de mineurs.
Ce genre de roman rendra hommage à la valeur travail sans nul doute et à un drôle d'héritage familial, remettant en perspective une vraie valeur aux choses courantes faussement dérisoires qui nécéssiteront pourtant beaucoup de main-d'oeuvre, d'heures de travail, d'efforts pénibles et parfois de sacrifices pour que beaucoup de candides ignorants profitent du confort.
On ne supposerait pas (à tort) qu'être mineur était un métier avec autant de fonctions.
Du coup, c'est aussi intéressant pour cela.
Le roman nous aura donné envie de chercher et avec le lien qui suit trouvé sur le net, nous saisirons ce dur travail à la chaine où chaque mineur était un maillon, qui allait creuser, déblayer, faire exploser, ravitailler...

" ... Les tâches des mineurs de charbon:

• Moulineur : ouvrier de surface qui effectue les manoeuvres du moulinage (déchargement des berlines pleines et remise en cage des berlines vides).

• Piqueur : mineur à la veine, chargé de l'abattage.

• Porion : contremaître.

• Raccomodeur : ouvrier chargé de l'entretien (notamment du boisage).

• Raucheur : mineur occupé à élargir les galeries affaissées.

• Rouleur : ouvrier chargé de l'évacuation du charbon par les berlines (aussi appelé hercheur).

..."
https://fr.geneawiki.com/wiki/M%C3%A9tiers_de_la_Mine#:~:text=Bouteur%20%3A%20mineur%20qui%20d%C3%A9blaye%20le,pile%20la%20mine%20%C3%A0%20bras.

" Charbon bleu", c'est à découvrir.
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