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Critique de Lesperanza


Je ne sais plus vraiment comment mais j'avais suivi la sortie de ce livre sur Instagram. J'étais tombée sur plusieurs posts qui en parlaient et qui m'avaient donné envie de le lire. Je l'avais donc ajouté à ma wishlist et quelques temps plus tard, j'ai craqué et ai fini par l'acheter.

Ce roman m'intéressait parce qu'il aborde le sujet de l'homosexualité en lecture ado, mais pas seulement. On découvre le parcours de deux adolescents dont la famille les rejette pour ce qu'ils sont. Ces thèmes tels que le rejet familial ou encore les thérapies de conversion y sont donc également abordés. Ces dernières qui, je le rappelle n'ont été officiellement interdites en France que fin 2021. Et je me sais encore pas mal ignorante sur le sujet, donc c'est pour cela que ce livre me paraissait assez intéressant et accessible à découvrir.

Je vous avoue que cela va m'être compliqué de m'exprimer et de trouver les mots appropriés. La vérité, c'est que durant le début de ma lecture, j'ai eu cette sensation étrange que l'histoire ne se passait pas à la période actuelle, que Paul était un ado de la seconde moitié du XXème siècle… Alors que non, pas du tout. le roman se passe en 2020/2021, il reflète la société d'aujourd'hui, ce qui existe et qui est toujours d'actualité. Certains détails rappellent d'ailleurs à quel point ce livre se déroule de nos jours. (la référence au covid, celle à Sex Education, la mention de Parcoursup...) Pourtant, je suis parfaitement consciente de ce qui existe encore maintenant. Ce que je veux dire, c'est que je ne veux pas que vous pensiez que j'ai une version utopique ou idéalisée de l'homosexualité dans notre société. Ce n'est pas le cas. Je le vois dans mon entourage (même si me concernant j'ai énormément de chance là-dessus, mais j'y reviens juste après), sur les réseaux sociaux, dans ce que je vois partout autour de moi. Encore plus parce que je suis concernée et que je fais partie de la communauté LGBTQ+. Mais en fait, j'ai eu du mal à m'y faire dans le sens où je n'arrivais pas à m'identifier aux personnages. Je sais qu'en vivant en plein centre de Bordeaux dans une famille tolérante, j'ai une chance inouïe. Encore plus que cela, je suis dans un lycée public extrêmement ouvert, où la moitié des personnes doivent être ouvertement LGBTQ+. (le genre d'évènement qui s'est passé dans le lycée de Thalia ne se serait jamais produit dans le mien, par exemple)
Je sais que c'est loin d'être le cas dans tous les établissements scolaires, que la plupart n'ont pas cette chance d'avoir un entourage aussi ouvert. Mais c'est pour cette raison que je ne pouvais pas comprendre complètement. J'ai beau être parfaitement au courant, être sur les réseaux sociaux, avoir lu des dizaines de témoignages, avoir des proches dont les familles sont moins tolérantes que la mienne, voir ce qu'il se passe dans le monde et voir ce qu'il s'est passé à la pride de ma ville… malgré tout, je ne pouvais pas tout comprendre. Pas à 100%.
J'avais certes une empathie inimaginable pour ces personnages, mais je n'arrivais pas à imaginer réellement ce qu'ils ressentaient ; notamment pour Paul au début du livre, car je ne l'ai jamais vécu et que je n'ai jamais connu quelqu'un dans un cadre similaire.

Bref, j'ai beaucoup trop écrit et je ne sais pas si j'ai été claire dans ce que je voulais exprimer, mais bon...
Je dois bien avouer que non, je n'ai pas dévoré ce livre. Pas à cause du style d'écriture (qui était fluide à lire, même si je ne l'ai pas adoré), mais parce que… j'ai eu du mal à certains moments. Je ne pensais vraiment pas que ce serait le cas mais si. Tout simplement parce que cela m'a profondément bouleversée et attristée de lire les pensées de Paul à son égard, de me dire que des personnes pensent comme tel encore aujourd'hui. le pdv de Thalia était plus « facile » à lire, si je puis dire. (m'enfin il était tout aussi difficile sur d'autres points)
Mais j'ai eu du mal parce que tout simplement, cette vision de l'homosexualité qu'a la société et un certain nombre de personnes dans le monde, me donne une furieuse envie de pleurer. Pleurer de haine, de frustration. Pourquoi cela doit-il être si difficile ?...

J'ai eu du mal à m'attacher aux deux personnages principaux, j'avoue. Je ressentais une distance avec Thalia à certains moments, j'avais vraiment du mal avec elle. À d'autres passages, je l'ai adoré, j'avais envie de la prendre dans mes bras. (qu'est-ce que j'aie été contente et soulagée qu'elle finisse par aller chercher de l'aide !!) Vers la fin, la distance que je ressentais avec Thalia disparut. Je me suis sentie fière d'elle. Je l'admirais, même.
Quant à Paul, comme je le disais, ce fut difficile pour moi de me sentir proche de lui, même si petit à petit j'ai malgré tout fini par développer un certain attachement. (ahh qu'est-ce que j'ai été contente vers la moitié du livre que Paul ne gobe pas les conneries qu'on lui sort à sa thérapie de conversion !! -pardon pour le vocabulaire, je n'ai pas pu m'en empêcher-)
Cela a donc mis du temps, beaucoup de temps. Mais j'ai fini par m'attacher à eux. À Paul et Thalia.

Petite mention à d'autres personnages que j'ai vraiment appréciés : Ludovic, Matéo, Clothilde, ou encore le père Martin... !

À travers ce livre, je vois. Je vois l'influence qu'a la famille, l'entourage. La religion. Je ne peux pas le comprendre vraiment. Mais ce roman m'a aidée à "imaginer" un peu plus, même si encore une fois je ne l'ai jamais vécu. Tout cela m'a souvent remplie de colère et de tristesse, avec un sentiment d'injustice que j'ai ressenti en permanence.
La réaction des parents de Thalia, par exemple, m'a profondément fait mal. Cela m'a fait penser au livre "Les Maux bleus", lecture LGBT+ que j'ai lu il y a un moment maintenant mais qui m'avait beaucoup marquée. Je ne comprendrai jamais comment on peut mettre à la porte son enfant avec pour seul motif son orientation sexuelle. Je ne pourrai jamais le comprendre.
Et le "stage" (de gros guillemets sur ce terme parce qu'on sait tous.tes ce qui l'en est réellement) qu'a été obligé de faire Paul… Cela me met tellement en colère bordel. C'est tellement absurde. Horrible.

Cette lecture ne fut pas facile me concernant (même si elle reste extrêmement accessible, bien sûr ! c'est une lecture jeunesse/YG) mais je sais que ce genre de romans est important. Bouleversant, à certains moments. Mais nécessaire. Il est nécessaire car il dénonce cette société, cette homophobie. Il décrit. Il en parle. Il montre. Il montre la manière dont est abordée l'homosexualité dans certaines familles. Dans une famille catholique. Les conséquences, les réactions chez l'entourage, les thérapies de conversion. Ces thérapies sont d'ailleurs évoquées pour sensibiliser sans que certains passages soient détaillés au point d'en être "trash" ou "choquants". Je pense qu'il y aurait eu bien matière d'en parler et de décrire beaucoup plus (et je comprends vraiment que certain.e.s lecteur.ices aient été déçu.e.s que ce ne soit pas abordé davantage en profondeur), mais ce livre reste ainsi très abordable et c'est peut-être pour le mieux, je ne sais pas.
Et puis vers la fin, l'autrice nous fait voir une représentation de la religion tolérante. Qui accepte. Qui montre que l'homosexualité n'a rien d'une maladie mentale à soigner.

J'ai profondément aimé la note de fin de ce roman. Une note d'amour, de bienveillance, de tolérance. Je suis contente de l'avoir lu, sincèrement.
Je ne connaissais pas cette autrice mais j'ai vu qu'elle avait écrit d'autres oeuvres, une parlant d'handicap et une se passant en Chine (les quelques lignes de résumé ont pas mal fait écho en moi étant donné que je suis adoptée de ce pays). Anne Loyer semble avoir écrit d'autres livres aux thématiques très intéressantes. Je suis contente de l'avoir découverte et je n'hésiterai pas si je tombe sur certains de ses autres romans à la bibliothèque ! :)

(wow ce pavé que je viens de faire... T-T)
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