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Critique de le_Bison


Sentez donc cette bonne odeur de crevettes sautées, d'oie braisée au marc de vin ou de ce jarret de porc confit au sucre candi. La Révolution culturelle chinoise vue au travers de la « bouffe », voilà donc le menu appétissant de ce roman de Lu Wenfu. Nous sommes dans les plaines de Suzhou, où il n'est pas question ici d'admirer l'harmonie de ses jardins qui font de cette ville une réputation internationale mais de contempler sa gastronomie et de se remplir la panse de toutes ses traditions culinaires. Desserrez d'un cran votre ceinture, une tasse de Grand Lapsang Souchong fumé et vous voilà prêt à une orgie gargantuesque de mets fins et somptueux s'enfournant farouchement dans votre gosier ?

A l'origine, il y a Zhu Ziye le « capitaliste » : une vie passée à célébrer chaque repas d'une façon festive, une vie outrageusement dédiée au plaisir de la nourriture en abondance. Ce qui a pour conséquence d'énerver et d'exaspérer à un point de non retour notre second protagoniste et narrateur Gao Xiaoting. Ce dernier, fervent communiste révolutionnaire, ne cessera tout au long de son existence de s'opposer à la bourgeoisie de son « camarade » Zhue. Il devra même prendre les commandes du restaurant jouissant de la meilleure réputation gastronomique de Suzhou pour pouvoir exprimer ses idées révolutionnaires sur le monde du travail.

Difficile d'allier communisme et gastronomie bourgeoise... Les plus démunis veulent abolir ces tables de quelques privilégiés se goinfrant de ripaille, seulement dès que leur « pouvoir d'achat » s'améliore (si, si.. je vous assure, cela arrive... mais loin de notre chère contrée), ils ne veulent plus de ces auberges d'ouvriers à la bonne franquette mais cherchent un lieu plus cosy, plus luxueux pour savourer quelques mets gourmands et délicats...

Un roman révolutionnaire mais aussi subversivement drôle pour découvrir quarante années de vie chinoise non plus autour de tracts politiques vouant les mérites du peuple, de bannières à l'effigie du pouvoir et de drapeaux représentant fièrement la nation, mais avec une grande serviette pendue au cou autour d'une immense table encombrée de victuailles des plus appétissantes.

A vos baguettes !
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