Giallo alla bolognese.
Nous avons connu cette série ancrée dans la République de Salò, puis dans l'après-guerre (Carte blanche,'L'Eté trouble et
Via delle Oche).
Nous somme en 1953, le commissaire
De Luca n'est plus en odeur de sainteté. Cantonné à des tâches subalternes, il est réintégré sous une fausse identité pour enquêter en sous-marin sur l'assassinat de l'épouse d'un universitaire .
Intrigo italiano. Il retorno del commisario
De Luca.est un giallo classique, dont on suit l'intrigue avec un peu de distance. Se détache plutôt de ce roman noir la figure de Claudia une jeune femme métisse, fille d'un Bolonais et d'une Abyssine , qui a grandi en Italie, travaillé comme repiqueuse dans les rizières ambiance Riz amer de Giuseppe de Santis , combattu avec les Partisans dans les montagnes, et qui chante désormais dans les clubs de jazz en rêvant de faire un disque et de se présenter au festival de SanRemo.
Se détache également, et c'est là que
Carlo Lucarelli donne la pleine mesure de son talent de romancier , le portrait d'un pays portant encore les séquelles de la guerre, mais en pleine mutation sociale - l'Affaire Wilma Montesi est en train se secouer le pays-, culturelle -l'American Way of Life, le jazz- et surtout politique, le pays entrant de plein pied dans le jeu de dupes que mènent les Etats-Unis et l'URSS en Europe comme partout ailleurs.
De Luca toujours aussi investi, intellectuellement et affectivement dans ses enquêtes, va devoir louvoyer et apprendre de ces nouveaux enjeux politiques et stratégiques différents de ceux avec lesquels il avait dû composer sous Mussolini.
Une Affaire italienne semble donc marquer un tournant dans l'existence pourtant riche du commissaire
De Luca, comme dans celle de la politique internationale de l'Italie, à suivre dans Peccato Mortale et L'inverno più nero.
Je remercie les éditions Métailié pour l'envoi de ce roman noir reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique Mauvais Genres.