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Critique de fanfanouche24


Une découverte époustouflante... de hasard... dans l'une de mes librairies préférées, La librairie Tschann (Bd du Montparnasse) d'un récit publié par une éditrice, Isabelle Sauvage...

Récit polyphonique d'une enseignante en Lettres qui un jour décide d'assurer des ateliers d'écriture en prison, avec préparation d'examens à la clef...
Il existe tant d'écrits sur la prison..; mais celui-ci, de cette professeure, donnant des cours de littérature et d'écriture aux "taulards" est une magnifique réflexion sur l'Humain, au coeur d'une société parfois impitoyable pour certains; Autre qualité de ce récit est le style, irrésistible, poétique, chaleureux, empathique, lyrique. Une poésie extraordinaire se dégage de l'ensemble comme ces petites phrases prises au hasard : " Oui, la solitude se perpétue ici, sous mes yeux, avec sa traîne de princesse"; ou "Ils disent merci, comme si je leur donnais la lune"...

Des très courts chapitres qui disent des moments d'éternité... de complicités uniques... C'est un très beau texte flamboyant rempli d'espérance et de mains tendues. ..

Ce qui me touche et force mon estime est que cette enseignante ne transporte pas de supériorité de classe, elle s'implique et se remet en cause systématiquement dans ses méthodes pédagogiques !.

" J'ai envie de croire aujourd'hui que quelque chose dans la littérature ne peut être inaccessible qu'à eux, que seules les âmes en peine peuvent, en fait, lire les livres. Moi, elle me parvient presque plus, parce que mon confort est étourdissant, ma liberté laisse tout passer, elle ne retient rien"

Je ne peux résister à saluer deux belles dames, dont une disparue trop tôt, Annie Leclerc
(célèbre auteure de "Parole de Femme") que j'ai eu l'occasion de rencontrer dans un café-philo, il y a quelques années, avec Philippe Lejeune, pour l'écriture autobiographique.

Annie Leclerc y parlait avec passion et émotion de ses presque 15 années d'ateliers d'écriture auprès des prisonniers [ cf. "L'Enfant, le prisonnier", Actes Sud]. Une autre allusion à une femme étonnante, Marie Depussé... Angela Lugrin parle aussi dans son récit de cette part d'enfance , inattaquable...

Cette enseignante dans les murs, ne se gêne pas un esprit critique aiguisé envers lesinstitutions, qui bloquent, freinent et jugent trop vite !

Des courts chapitre où Angela Lugrin narre ses cours de littérature aux prisonniers...les échanges, les ambiances chaleureuses, studieuses et parfois aussi orageuses..,
décourageantes..." L'explication de texte est un retour de soi, une grande acceptation à l'égard de ses possibilités d'inventeur et de lecteur" (p. 54)


"Le cours s'est bien passé
(...)
La polyphonie en taule n'est pas une métaphore, elle est réelle. Les voix résonnent, s'entremêlent.
le lieu reçoit pêle-mêle les voix de tous. Une musique simple et déjantée. Un bordel auquel je suis attachée viscéralement, qui me fatigue aussi, mais que j'aime. C'est comme ça. le cours s'est bien passé aujourd'hui, parce que nous étions dans la folie d'une langue commune à bâtir comme des mômes des tours de Babel et à les faire s'écrouler comme de petits dieux mauvais."(p. 123)

Un récit très intense, engagé et pétri de poésie. Une très belle lecture et découverte.. à ne pas manquer,si les sujets vous interpellent !
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