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Critique de Cigale17


Une histoire des abeilles propose, pour la partie qui se déroule dans un futur glaçant, la chronique d'une catastrophe annoncée : la disparition des abeilles. Maja Lunde nous invite à suivre alternativement trois personnages à des époques différentes et sur des continents différents, s'exprimant tous à la première personne. Les trois premiers chapitres nous les présentent partiellement.

En 2098, dans la province du Sichuan, en Chine, Tao raconte comment, avec de très nombreuses autres personnes, à longueur de journées éprouvantes et épuisantes, elle se retrouve perchée dans des arbres fruitiers, contrainte de polliniser manuellement les fleurs : les abeilles ont complètement disparu. Tao, plus que Kuan, son mari, s'inquiète pour l'avenir de leur fils : elle souhaite qu'il ait une vie meilleure que la leur.
En 1851, dans le Hertfordshire, en Angleterre, William reste au lit et rumine ses idées noires. Naturaliste passionné et grainetier prospère avant sa maladie (diagnostiquée comme, entre autres, un excès de bile noire), il vit maintenant dans la pauvreté avec sa femme et ses huit enfants…
En 2007, en Ohio, aux États-Unis, George vient d'aller chercher son fils Tom, parti à l'université depuis un an. Si Emma, la mère, s'accommode parfaitement de la situation, George éprouve beaucoup de difficulté à communique avec Tom, ce fils étudiant qui est devenu végétarien et qui met un tablier pour aider sa mère à faire la vaisselle…
On découvrira progressivement que, en plus de leur intérêt pour les abeilles, il existe entre ces personnages éloignés dans le temps et dans l'espace des liens qu'on ne peut d'abord pas soupçonner. De la création de la ruche moderne (vers 1850) au syndrome d'effondrement des colonies (CCD, 2007 aux États-Unis), le roman semble extrêmement bien documenté. J'ai trouvé le futur dans lequel évoluent Tao et sa famille convaincant, peut-être en partie parce que l'auteure exploite parfaitement différentes caractéristiques des Chinois tels que les Occidentaux se les représentent : elle met en scène un peuple travailleur, discipliné, respectueux de l'autorité, etc., ce qui fait ressortir la grande indépendance de Tao, son courage, sa ténacité et son amour incommensurable pour son fils.

Voilà un roman dans lequel les hommes n'ont pas le beau rôle ! Kuan, personnage sympathique au début, devient fataliste, se décourage et laisse Tao se débrouiller seule. William, dépressif, autocentré pendant sa maladie, fait preuve d'un grand égoïsme : il reste insupportable envers son entourage même quand il va mieux. Incapable de reconnaître publiquement ce qu'il doit à sa fille Charlotte, mendiant la reconnaissance de son ancien professeur, il semble porter la poisse à tout son entourage. George, l'apiculteur taiseux, s'enferme dans ses certitudes et se révèle incapable d'accepter les décisions de son fils ni d'accorder la moindre considération aux désirs de sa femme. Il m'a semblé infiniment plus touchant que les deux autres parce qu'il se remet en question : c'est un homme maladroit, mais plein de doutes et d'intentions louables. J'ai bien aimé ce livre : facile à lire, il donne quantité d'informations sur les abeilles, mais jamais de manière pesante. Dans chaque époque, je me suis attachée à un des personnages : Tao en 2098, Tom et sa mère Emma en 2007, ainsi que Charlotte en 1851. On peut sans aucun doute qualifier ce roman d'écologique puisqu'il résonne comme un cri d'alerte contre nos pratiques d'hier et d'aujourd'hui, alors que nous nous soucions toujours plus de rendement que de perpétuation des espèces. Le message commence à être rebattu, mais il n'est pas simpliste. Espérons qu'on évitera le pire…
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