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Critique de LeScribouillard


Il aura fallu un worldbuilding aussi fouillé, un scénario aussi ingénieux et des personnages aussi profonds, pour parvenir à un des grands chefs-d'oeuvre de la fantasy criminelle, voire la dark fantasy tout court. Évidemment, il s'agit toujours d'un genre subversif, transgressif, la grossièreté tente de ne pas être gratuite même si elle est omniprésente, mais nous avons derrière un travail d'orfèvre.
"Les Salauds gentilshommes", comme je disais plus haut, est bien de la dark fantasy. Non pas parce qu'il instaure un côté gothique avec un Seigneur des Ténèbres triomphant et des démons à tous les coins de rue, rien à voir. de la dark fantasy d'abord à cause de la violence et du prosaïsme, il faut l'avouer. Mais aussi de par la complexité de ses personnages. Ce qui caractérise en effet (les bons livres de) ce sous-genre-ci, c'est que le manichéisme étant dilué ou absent, les personnages ne sont ni noirs ni blancs mais possèdent toute une palette de gris. Seulement là, on ne sait même plus qui est gris clair ou gris foncé. Et cette impression se renforcera au cours des tomes : les Mages Esclaves si cruels aspirent en fait pour la plupart à la paix ; les nobles sont dupés par Locke et sa bande mais ils laissent crever les gens de faim, voire pire ; Locke semblerait donc le gentil, mais c'est un criminel abject, répugnant, et pourtant mes amis, que de qualités en ce garçon ! Fidèle en amitié et rusé comme un renard. On ne sait plus qui est le salaud, même pas s'il y en a eu un un jour. Ce qui vient renforcer le réalisme, à défaut de la morale, certes ; il y a aussi des scènes hardcore ainsi qu'on aurait pu nous épargner ; mais les personnages sont écrits avec finesse et cette ambiguïté fait fortement penser à la complexité de notre vrai monde.
Et comme je le disais tantôt aussi, l'univers est solide : rien que pour ce tome, la cité de Camorr est décrite d'une manière tellement précise qu'on a l'impression que l'auteur y a passé toute sa vie. Les bons univers se caractérisant par une part de mystère, on retrouve celui-ci dans les Eldren (qui se révèleront, je l'espère bien, autre chose qu'un duplicata d'elfe). Les intrigues ? Complexe avec un suspense haut la main, le livre défie la longueur des 550 pages pouvant intimider certains.
Mettons tout de même les choses au point : le héros est un criminel donc fortement immoral, que le roman remettra peu en question (ce qui posera tout de même la question : a-t-il tout de même une éthique ? peut-il être quelqu'un de bien ?) ; il y a du sexe, de la torture et de la violence par instants ; cependant, la note que je mets à ce livre résulte de sa qualité technique, qui elle pour ceux qui désireront la lire quand même est superbement exécutée. Je le répète encore une fois, il s'agit d'une oeuvre qu'évitera le public de la fantasy amateur de jolies licornes, et il vaut mieux éviter de donner à lire ça à un moins de 16 ans. Restent ces nombreuses qualités littéraires qui en font un livre tout à fait intéressant pour qui s'intéresserait à comment bâtir une histoire complexe.
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