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Critique de Dombrow01


Dans le Labyrinthe des égarés : L'Occident et ses adversaires, Amin Maalouf nous parle de la domination de l'Occident sur le monde depuis l'époque de la Renaissance. Puis, avant de s'intéresser aux États-Unis, la seule superpuissance actuelle, il nous décrit les expériences de trois pays qui se sont opposés à la brutalité de l'impérialisme occidental. le point commun de ces pays (Japon, URSS, Chine) est qu'ils sont tous partis d'une rhétorique anti-impérialiste et que, encouragés par leurs premiers succès, ils se sont tous transformés en régime dictatoriaux et impérialistes eux-mêmes.

Le Japon est le premier cité car il fût le premier à s'opposer. Pays faible et renfermé à l'origine, il s'est considérablement développé à la fin du 19ème siècle, ce qui lui a permis de vaincre les Russes en 1905. C'était la première fois qu'une armée européenne était battue, et le Japon a reçu un prestige considérable dans le monde entier (et particulièrement dans le monde arabe). Fort de cette position, les Japonais ont envahi la Corée, puis la Chine, où ils ont fait 20.000.000 de morts (dont 17 millions de civils), sans parler des autres pays asiatiques où ils ont fait régner la terreur. Triste bilan pour un pays qui se voulait anti-impérialiste.

Le deuxième pays étudié est l'URSS. le pouvoir soviétique était issu d'une révolution contre le régime tsariste, c'est donc tout naturellement qu'il s'est posé en défenseur de l'opprimé partout dans le monde. Et les abus (réels) qu'il dénonçait lui ont donné une crédibilité que ses actions ne méritaient pas. Comme le Japon, l'URSS a profité d'une victoire (2ème guerre mondiale) pour devenir à son tour un régime impérialiste qui a étouffé toute l'Europe de l'Est pendant des décennies et a plongé des pays du Tiers-Monde dans la misère en leur appliquant ses théoriques économiques inefficaces. Il suffisait pourtant de regarder la situation intérieure du pays pour voir que ce régime était une horrible dictature qui a fait des dizaines de millions de morts parmi ses citoyens.

Le troisième pays étudié est la Chine. Victime des Occidentaux au 19ème siècle, victime des Japonais dans les années 1940, et enfin victimes de son propre gouvernement pendant la folie des années Mao. A la mort du grand timonier, et sous l'impulsion de Deng Xiaoping la Chine va se réveiller, gardant une façade communiste mais agissant comme le plus libéral des capitalistes pour atteindre un développement économique d'une rapidité rarement constatée dans l'histoire. Et là aussi, la réussite leur est montée à la tête, et aujourd'hui la Chine investit massivement dans son armée, menace Taïwan et grignote tous les territoires qu'elle peut en Mer de Chine. Ça c'est pour la partie impérialisme territorial, l'impérialisme économique est à l'oeuvre lui aussi et la Chine est particulièrement active en Afrique où elle gagne la confiance des pays producteurs de matières premières nécessaires à son industrie.

La dernière partie concerne les États-Unis, superpuissance mondiale depuis presque un siècle. Contestés, mais invaincus, les Américains restent les maitres du jeu mondial. Amin Maalouf nous montre les faiblesses du système, qu'il attribue en partie au sentiment d'invincibilité qui dérive de leur position dominante.

Le livre se termine sur des problématiques très actuelles, telles que la guerre en Ukraine, le duel entre les États-Unis et la Chine, ou encore la nécessité de faire face au changement climatique. Amin Maalouf essaie d'insuffler un peu d'optimisme devant une situation qui parait mal engagée.
La lecture du Labyrinthe des égarés est parfois un peu ardue, ce n'est pas un livre qui se lit distraitement sur un coin de table, mais il est très bien expliqué, bien documenté et les analyses sont pertinentes. Autant de raisons de se plonger dans sa lecture.
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