Pour l'amour des arbres

Je me rendais à un ruisseau proche de chez nous afin d'aller chercher de l'eau pour ma mère. Je m'y désaltérai puis, jouant parmi les feuilles d'arrowroot, je cherchai en vain à ramasser les amas d'œufs de grenouille, croyant que c'étaient des perles. Mais, chaque fois que je les prenais dans mes petits doigts, ils se brisaient. Plus tard, je vis des milliers de têtards, noirs, pleins d'énergie, s'agitant dans l'eau claire. C'est le monde que j'ai hérité de mes parents.
Aujourd'hui, un demi-siècle plus tard, le ruisseau est à sec, les femmes font beaucoup de chemin pour trouver de l'eau, qui n'est pas toujours propre, et les enfants ne sauront jamais ce qu'ils ont perdu. Le défi est de leur rendre un monde de beauté et de merveille, et de redonner un abri aux têtards.

Je croyais que tous ceux qui travaillaient au service du peuple aimaient ceux qu'ils servaient, qu'ils étaient intègres, toujours prêts à rendre des comptes. C'était là une culture que mes parents et mes professeurs m'avaient enseignée, elle faisait partie de ma personnalité et de mon caractère. J'ai appris depuis que rares sont ceux qui y croient.