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Critique de dvall


Derrière ses abords de fable fantastique où les morts reviennent pour terminer leurs affaires inachevées, ce récit acquiert la profondeur d'un véritable roman social. Prenant place dans la ville de Pointe-Noire, sur la côte congolaise, il s'attache à décrire le tissu d'une société vérolée par le conflit des classes, les superstitions meurtrières et la corruption des élites politiques. L'histoire est racontée à la seconde personne du singulier, ce qui est assez inhabituel dans la mécanique narrative, mais qui a le mérite de mettre en regard du lecteur, vivant cela va de soi, le personnage principal nommé Liwa Ekimakingaï, qui lui est mort et enterré.

Le jeune homme se réveille pourtant au Frère-Lachaise, le cimetière des pauvres. Sorti de sa tombe, il a conservé les habits de soirée bariolés qu'il portait au moment de son décès. le voici dans le monde à l'envers, celui où marchent les trépassés capables, quand volonté ou nécessité se manifeste, de prendre forme dans le monde des vivants. « Les images se bousculent dans ce rêve le plus long de ta mort. » Pourquoi Liwa est-il mort et que doit-il faire dans cette nouvelle existence parallèle qui s'offre à lui avec son cortège de souvenirs et d'interrogations ? Les images de son enfance et de son adolescence ressurgissent, ses pensées vont vers sa grand-mère Mâ Lembé qui l'a élevé. Puis viennent les rencontres avec les curieux habitants du Frère-Lachaise, ces morts qui lui parlent et le guident : DRH homosexuel, artiste bossu, ou encore ce vieil homme au livre que l'on nomme Mamba Noir, le patron des lieux.

Au fil des chapitres courts, presque des nouvelles emboitées dans cette histoire gigogne, on découvre les croyances et les travers des Ponténégrins, leurs habitudes de vie, l'environnement de cette ville avec ses quartiers riches et pauvres, ses cimetières où la ségrégation se poursuit jusque dans la mort, son port où se nouent les ficelles économiques de la cité. Si je n'avais pas reçu ce livre en service presse, je ne serais pas allé spontanément vers lui, mais je le referme aujourd'hui avec la satisfaction d'avoir fait une agréable découverte.
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