Colt et pepper, tome 1 : Pandemonium à Paragusa

Dès la première planche de ce tome 1, les trois auteurs installent une ambiance à la croisée des chemins et des influences. Il y a une ambiance de conte et d'épopée par la police, le ton de la narration. Il y a une reconstitution historique par les décors prestigieux, les figures des personnages – notamment les « gueules » de ce peuple du marché. Et il y a le décalage avec la présence de monstres, entre elfes et animaux. Pepper, capitaine bedonnant arborant avec fierté son uniforme, devient notre repère dans cette histoire, avant même de devenir malgré lui le héros. C'est un personnage entier qui par sa force et sa détermination a réussi à survivre. Son neveu, jeune homme faible, ébloui par un ensorcellement, lui doit sa vie. Ils ne se connaissent pas malgré leurs liens familiaux. Chacun est donc un mystère pour les autres et pour lui-même. Pepper pensait couler une retraite tranquille. Finalement, il défia l'autorité qui veut désormais sa mort. Colt pensait disparaître au sein d'une communauté et doit maintenant penser à son propre salut. C'est donc à l'aveugle qu'avancent ces deux personnages. Au milieu de décors magnifiques et d'une ambiance fantastique (mêlant humour et rêverie), Pepper et Colt se révèlent petit à petit. le lecteur plonge dans un monde parallèle de celui connu. Tout le décorum de l'Amérique du 17e siècle est là : les habitations, les couleurs, les visages… Mais comment ces créatures aux diverses formes sont-elles arrivées ici ? Comment et pourquoi ? Pepper, par son âge, le sait. Colt l'ignore complètement. Alors un passage de flambeaux se met en place entre cet homme âgé, encore marqué par la disparition de sa mère et ce jeune homme qui semble être complètement perdu et seul. Quelques scènes, quelques dialogues les rapprochent au milieu de cette histoire marquée par des scènes fortes : l'évasion, la fuite du crabe géant et le Bois aux Bouleaux. Chacune est largement développée, donnant une ampleur au récit, le transformant même en épopée. L'évasion est pleine du panache de la bataille, de la violence du politique (le Duc, malgré une courte apparition, est un méchant impressionnant) et d'une dimension surnaturelle. Tout cela se retrouve dans la scène suivante avec l'entrée de l'étrange et cruel de Barth le Rouge. Celui-ci quitte la ville par la mer qu'il doit atteindre avant de se transformer en crabe. Il est pourchassé par des femmes en colère. Chaque personnage, même secondaire, porte en lui les secrets du passé, tellement obscurs qu'ils troublent le présent. La scène de la forêt est une véritable réussite dans l'exploration de ce thème. Pepper décide d'aller au Bois des bouleaux, lieu de rencontre entre les Vivants et les Morts. Des bois enfumés deviennent alors un environnement autant réconfortant que dangereux. Cette ambivalence imprègne tout le premier tome.
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