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Critique de Zazette97


Publié en 1913 et traduit en français en 2009, "La troisième Miss Symons" est un roman de l'écrivaine britannique Flora M.Mayor.

Cinquième enfant d'une famille nombreuse, Henrietta Symons ne peut compter sur l'attention de ses parents comme de ses frères et soeurs.
Sans cesse mise à l'écart, elle tente malgré tout de se faire aimer, sans succès. La constante indifférence dont elle fait l'objet ne fait qu'exacerber son tempérament irascible et la jeune fille devenue femme traverse les années à tâtons, multipliant les voyages à l'étranger, les collections en tous genres, les occupations pour autant que son investissement soit minime.
Tout est bon pourvu qu'elle parvienne à combler ce vide affectif qui la poursuit depuis l'enfance.

C'est grâce à Manu que j'ai pu découvrir ce court roman victorien qui brosse le portrait d'une mal-aimée qui, il faut bien le dire, n'a pas grand chose pour elle si ce n'est un sens aigu de l'organisation et le caractère autoritaire qui l'accompagne.
Pas vraiment belle ni intelligente, elle se trouve en plus affublée d'un caractère difficile qui a tôt fait d'éloigner toutes les personnes croisées sur son passage.
L'auteure donne le ton dès les premières lignes et si Henrietta suscite la sympathie de prime abord, elle inspire au mieux de la pitié, au pire de l'antipathie dans les dernières.
Si ses caprices et ses accès de colère lui sont volontiers pardonnés durant sa jeunesse alors qu'elle essuie plusieurs déceptions amicales et sentimentales, on s'attend néanmoins à ce que la maturité lui offre une chance d'adoucir son caractère.
Financièrement à l'abri grâce à la fortune familiale, sans réelle pression pour se faire passer la bague au doigt, elle a la possibilité d'aller où elle veut pour faire ce que bon lui semble.
Or, malgré les conseils de tout un chacun, elle n'en fait qu'à sa guise et ses choix ne lui sont dictés que par cette tendance compulsive à remplir le vide de sa vie par des activités qu'elle juge elle-même sans intérêt.
Et quand elle n'est pas en voyage à critiquer tous les hôtels où elle descend, elle passe sa frustration sur les domestiques de la maison familiale.

Roman bourgeois, "La troisième Miss Symons" dresse un regard particulièrement cruel sur ces femmes laissées de côté par une société qui condamne sévèrement le célibat avec le sous-entendu que ce dernier soit directement lié à un manque de débrouillardise voire un refus de se plier aux exigences nécessaires pour se faire une place dans le monde.
Dans le cas d'Henrietta, sujette aux moqueries de la part de ses proches, c'est son caractère marginal et peu aimable qui est ici pointé du doigt pour justifier sa condition de vieille fille.

Si j'ai lu ce roman sans déplaisir, je trouve toutefois excessif le qualificatif d'"enfant littéraire de Jane Austen" apposé à l'auteure dans la quatrième de couverture.
Là où Jane Austen se laisse porter par son affection pour ses personnages et sa plume généreuse en ce qu'elle s'attarde à la description de leurs émois et du milieu dans lequel ceux-ci évoluent, Flora M.Mayor dépasse difficilement le stade purement descriptif.
Aussi, malgré un style élégant et une histoire sombre qui tient ses promesses d'un bout à l'autre, j'ai déploré cette économie de mots et ce manque de relief qui m'ont donné l'impression de lire en accéléré une Austen fatiguée.
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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