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Critique de darkmoon


Mon premier coup de coeur dystopique pour cette année !

Tout commence un peu lentement, dans un rythme haché, celui de la pensée de Juliette, jeune fille enfermée depuis plusieurs années dans une sorte de prison-asile ; un endroit perdu où l'on se douche furtivement dans le noir, où l'on subit les dures limites du Rétablissement, une stratégie d'un gouvernement dont on ne sait rien mais qui tente de rééduquer la population et lui apprendre à vivre dans de nouvelles conditions. Juliette a traversé de longues années d'intense solitude qui ont commencé bien avant son internement. Cela provient de son don sinistre, celui de détruire et tuer tout ce qu'elle touche ou qui la touche. Cela l'a isolée depuis le tout début de sa vie. Mais l'arrivée d'un codétenu va tout bouleverser.

Si l'on regarde le scénario, nous sommes dans une dystopie classique avec des héros- ici des ados qui vont peu à peu prendre conscience de leurs pouvoirs et comprendre un peu mieux le monde qui les entoure- mais ce qui fait la qualité de cette saga est le style ainsi que les personnages qui ressortent violemment dans un contexte qui s'ébauche à peine dans ce premier tome et demeure dans un flou crépusculaire.

Juliette est fascinante. Jeune fille que l'on a cherché à briser, à isoler, à contraindre, elle a conservé une force mentale étonnante. Au premier abord, elle apparaît comme une petite chose fragile mais sa soif de liberté et sa croyance en l'humanité fait qu'elle garde une force de caractère qui l'aidera à surmonter pas mal d'obstacles. Plus on avancera dans l'histoire et plus elle se révèlera. Nous sommes dans ses pensées, parfaitement retranscrites. Tahereh Mafi la fait littéralement bégayer, répéter des mots, des phrases, comme un cerveau inquiet et perturbé peut le faire. Par des phrases barrées, nous suivons les pensées qu'elle s'interdit, soit parce qu'elle vit dans un monde où il ne faut pas tout révéler, soit parce qu'elle ne veut pas elle-même y faire face. Cela donne une écriture en totale symbiose avec l'esprit de Juliette. Plus son esprit combattif prend le dessus, moins les phrases barrées apparaissent, moins les mots se répètent.

Pour le personnage d'Adam, le mystérieux et courageux Adam, on remarquera une certaine ambiguïté tout le long du livre. Avec lui on navigue constamment entre deux eaux et on n'arrive jamais réellement à mettre le doigt sur qui il est vraiment… A croire qu'il cache toujours quelque chose ou qu'il ment constamment. Au début « bad boy » ensuite « soldat » puis « amoureux transit », il n'apparait naturel dans aucun de ses personnages et pourtant il doit bien y en avoir un où il n'a pas besoin de jouer le jeu.

En ce qui concerne Warner, il est bien psychopathe à souhait, l'auteur réussit totalement à nous le faire détester et aimer en même temps. Son obsession et son éducation font de lui un être abjecte mais finalement, on comprend un peu pourquoi et comment il est devenu un tel personnage et on en viendrait presque à le plaindre.

J'ai aussi beaucoup aimé l'humour de Kenji et James m'a attendrie.
Le style d'écriture est splendide, original, entraînant, véhément. Tahereh Mafi a un style assez particulier, unique. Les phrases hachées, répétées et barrées ne m'ont pas dérangée du tout. Cela donnait de l'originalité au livre et accentuait les sentiments de Juliette. L'écriture de Tahereh Mafi est parsemée de métaphores. Chacun de ses mots n'est que poésie et émotions brutes. Certains diront qu'il y a trop de métaphores, qu'elles sont plus ou moins farfelues. Dans mon cas, je les ai appréciées à leur juste valeur : elles m'ont prise sous leurs ailes et m'ont transporté dans leur univers.

Bref, l'écriture, le travail de mise en page, le choix des mots, les répétitions parfois, les ratures m'ont totalement conquise. En gros, J'ai tout simplement A-DO-RE ce roman : le rythme de l'aventure d'abord lent, quasi immobile, bloqué dans cet asile qui s'accélère au fil du récit, quand les masques tombent, les révélations qui se multiplient, l'intrigue prenante, vibrante, enivrante et les émotions dévastatrices que l'on ressent. Tout est tellement intense. L'amour, la peur, la joie, la solitude, l'angoisse, la souffrance, l'espoir. Tout est là, à travers Adam, Warner et Juliette, à travers ce qu'ils vivent, à travers ce qu'ils ressentent.

Tout cela donne un premier tome très réussi qui ne demande qu'à continuer et la fin m'a laissé un seul mot à la bouche : encoooore !
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