Tahereh Mafi at San Diego Comic-Con
Tuer le temps n'est pas aussi difficile que ça en a l'air. Je peux me tirer une centaine de chiffres dans la poitrine et regarder saigner les virgules décimales dans le creux de ma main. Je peux arracher les chiffres d'une pendule et observer les aiguilles faire tic, tic, tic, jusqu'à leur dernier tac avant que je m'endorme. Je peux suffoquer quelques secondes simplement en retenant mon souffle. J'ai tué des minutes pendant des heures et personne n'a l'air de s'en inquiéter.
La solitude est une chose bien étrange. Elle vous envahit, tout doucement et sans faire de bruit, s’assoit à vos côtés dans le noir, vous caresse les cheveux pendant votre sommeil. Elle s’enroule autour de vous, vous serre si fort que vous pouvez à peine respirer, que vous n’entendez presque plus la pulsation du sang dans vos veines, tandis qu’elle file sur votre peau et effleure de ses lèvres le fin duvet de votre nuque. Elle s’installe dans votre cœur, s’allonge près de vous la nuit, dévore comme une sangsue la lumière dans le moindre recoin. C’est une compagne de chaque instant, qui vous serre la main pour mieux vous tirer vers le bas quand vous luttez pour vous redresser.
"- Tu ferais ça pour moi ?
(...)
- Il existe très peu de choses que je ne ferais pas pour toi."
J'ai passé ma vie coincée entre les pages des bouquins. En l'absence de relations humaines, j'ai noué des liens avec des personnages de papier. J'ai connu l'amour et la perte de l'être aimé au fil de petites histoires entremêlées dans la grande, j'ai vécu l'adolescence par association d'idées. Mon univers est un réseau d'entrelacs de mots, de membres liés à des membres, d'os à des muscles, de pensées et d'images enchevêtrées. Je suis constituée de lettres, un personnage créé par de phrases, un produit de l'imagination forgé par la lecture de romans.
Ils veulent effacer chaque signe de ponctuation de ma vie sur terre et je ne pense pas pouvoir les laisser faire.
On ne peut pas reprocher à tous l’imbécillité d’un seul.
Les jours les plus sombres, on doit chercher un coin de clarté ; les jours les plus froids, on doit chercher un coin de chaleur ; les jours les plus lugubres, on doit laisser ses yeux s’émerveiller, et les jours les plus tristes, on doit garder les yeux ouverts pour laisser les larmes couler. Puis les laisser sécher. Leur donner l’occasion de dissiper la douleur pour y voir clair et y croire encore.
- Je sais pas pourquoi, dit-il avec son sourire en coin, mais ça me plait quant tu me menaces.
- Parce que t’es un abruti.
- Naaan… se défend-il en secouant la tête. T’as une voix trop sexy. Du coup, tout ce que tu dis m’excite.

Quelques citations de mon perso favori, j'ai nommé : Kenji !
- Pourquoi t'as apporté une paire de chaussettes ? Les gens essaient de manger tranquillement.
Il se fige une demi-seconde et lève les yeux au ciel. S'approche de moi. Tire sur ma queue-de-cheval.
- J'étais à la bourre pour vous retrouver, Votre Altesse. J'ai pas eu le temps de les enfiler, précise-t-il en montrant ses chaussettes dans sa main puis ses bottes.
- T'es franchement écoeurant.
- Tu sais, t'as une drôle manière de me dire que je t'attire.
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- S'il te plait ... S'il te plait, relève-toi ... et parle moins fort ...
- Ben non, merde !
- Pourquoi ? dis-je en le suppliant à présent.
- Parce que si je baisse la voix, je pourrais pas m'entendre parler. Et ça, c'est ce que je préfère.
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- Tu pèses combien ?
- Wouah ! C'est ta manière d'aborder les filles que tu rencontres ? Ceci explique cela ...
- Moi, je pèse dans les quatre-vingts kilos. De muscles.
À mon tour de le dévisager.
- Tu veux une médaille ?
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- T'as déjà eu une copine, Kenji ?
- Quoi ? (À l'évidence, je l'ai mortellement offensé.) Est-ce que j'ai l'air d'un mec qui n'a jamais eu de copine ? Est-ce que tu m'as bien regardé ?
Je lève les yeux au ciel.
- Oublie cette question.
- J'arrive même pas à croire que tu viens de la poser.
Il y a des secrets partout. Il n'y a de réponse nulles part.
Je veux baigner mon âme dans le bleu infini de ses yeux