Tracy.
Sa mère n'est plus là, écrasée, en pleine nuit, au bord de la
route, partie avec un secret que Tracy a à peine eu le temps
de goûter.
« Les choses seraient plus simples si je pouvais vivre seule,
sans personne vis à vis de qui préserver des secrets, sans
plus rien à cacher. Sans plus aucun besoin de protéger les
autres de la
sauvagerie que je sentais à l'intérieur de moi,
de l'impérieuse envie de m'abandonner à tout ce contre
quoi Maman m'avait mise en garde » page 143
Son père n'est plus musher.
Son frère lui est presque étranger.
« Certaines douleurs restent en nous, même si on ne s'en souvient pas » page 71
Restent les corvées,
les chiens,
l'Alaska,
la neige,
la forêt,
l'appel… du sang.
« Si vous aviez un moyen pour être le plus proche possible d'une autre personne, pourquoi ne pas l'utiliser ? » page 113
Tracy se sauve dans la forêt.
Ce n'est pas qu'elle s'échappe. Non : elle trouve de quoi
survivre dans la forêt.
La forêt la sauve.
La forêt, silva, qui a donné silvitacus, puis salvaticus en bas
latin, qui signifie
sauvage.
Se sauver, en étant
sauvage.
En buvant le sang des animaux.
Et pas seulement celui des animaux.
En goûtant son propre sang. En buvant son propre sang.
Et pas seulement son propre sang.
« J'imagine que ça n'aurait aucun intérêt de lire une histoire où à la fin le personnage principal n'est pas changé par rapport à ce qu'il était au départ » page 322
Tracy se sauve, Tracy se trouve, et personne n'en sort indemne. Surtout pas le lecteur.