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Critique de Gwen21


L'été dernier je suis retournée en Russie. J'ai rendu visite à mes amis de Veliki-Novgorod. Alors que je découvre le monastère Saint-Antoine qui abrite depuis des décennies la faculté de lettres et de langues de la première capitale russe, Ekhaterina, ma guide francophone, s'épanche soudain, l'oeil brillant de nostalgie heureuse, sur l'époque où, jeune fille, elle étudiait ici même le théâtre en compagnie d'un auteur - aujourd'hui reconnu - qu'elle a bien failli épouser tant il la courtisait. Intriguée, je lui demande le nom de l'écrivain : Andreï Iaroslavitch Makine !

Je connaissais de nom cet Immortel aux origines russes et l'une des premières choses que j'ai faites en rentrant de voyage a été de me procurer "Le testament français". Bien que sa lecture ait été quelque peu retardée, je l'ai lu avec plaisir, retrouvant entre ses pages les multiples ponts qui relient depuis Pierre-le-Grand la France et la Russie.

A travers un roman que l'on peut considérer comme autobiographique, Andreï Makine creuse le souvenir d'un XXème siècle qui aura vu des puissants tomber de leurs piédestaux, d'autres prendre leurs places à coup de baïonnettes et de tortures, les conflits et les régimes se succéder, les maux sociaux se répandre et les murs s'écrouler. A travers les yeux et le destin de Charlotte, une femme française au coeur de la Sibérie, le narrateur partage avec le lecteur son propre chemin initiatique, sa compréhension juvénile puis mature des liens pérennes et souvent parfaitement incompréhensibles qui tissent sa complexe personnalité franco-russe.

Connaissant bien la Russie, j'ai apprécié l'angle analytique et littéraire du roman ; j'ai été moins favorablement impressionnée par le style, quoique j'admire profondément qu'un auteur étranger écrive en français. Mais "étranger" - quel mot affreux -, Andreï Makine ne l'est pas tout à fait et son entrée en 2016 à L Académie Française couronne avec panache son parcours de philologue et d'écrivain. La narration elliptique n'est pas celle qui, ordinairement, a le plus de charme pour moi et "Le testament français" ne déroge pas à cette préférence.

Pour un premier regard émouvant et éclairé sur la Russie, le lecteur français a tout pour être satisfait. Andreï Makine nous livre la part d'ombre de chacune de ces/ses patries et nous devient attachant par la force de son destin pas comme les autres. Savoir d'où l'on vient et où l'on va, n'est-ce pas, finalement, l'enjeu ultime qui donne tout son sens à notre existence ?


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