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Critique de Biblioroz


Ce roman nous fait traverser un siècle mais à reculons. Autant dire que l'on ne voit donc pas très bien où nous posons les pieds, ni vers quelle direction sa créatrice nous oriente. Une chose est sûre, toutes ces années s'écoulent sur le territoire isolé de Laurelfield, une grande maison avec ses dépendances construites au tout début du siècle dernier, à proximité du lac Michigan dans l'Illinois.
Il est mentionné que l'aïeule Violet Saville Devohr, qui s'est donné la mort dans la demeure, y est présente, du moins en peinture sur un gigantesque tableau, mais sa présence semble aussi être quelque peu fantomatique. À vérifier !

Première étape en 1999. L'auteure s'attarde alors sur la dernière descendante des Devohr, Zee, l'arrière petite-fille. Elle vient de revenir sur le domaine familial avec son mari Doug pour y occuper la remise. Alors qu'elle travaille à l'université, Doug se penche soi-disant sur son éternelle monographie en cours au sujet du poète Edwin Parfitt. Zee complote pour que son mari obtienne un poste à l'université mais l'arrivée d'un autre couple dans la demeure viendra bouleverser ses plans : le fils de son beau-père et surtout sa femme Miriam, une artiste extravagante qui trouvera à Laurelfield une réelle inspiration pour ses mosaïques faites de morceaux d'objets disparates.
Le manoir, déserté au début du siècle par son premier propriétaire après le suicide de sa femme Violet, fut l'espace de quelques années le refuge d'artistes divers, sculpteurs, écrivains, peintres, compositeurs… Serait-ce donc un lieu propice à la créativité ? Une chose est sûre, la demeure ancestrale préfère choisir ses occupants et d'après la mère de Zee apporte la chance ou la malchance.
Comme Edwin Perfitt y a effectué plusieurs séjours, cette ancienne présence pourrait probablement aider Doug à parfaire son travail sur le poète mais sa belle-mère semble farouchement réticente à lui ouvrir la porte du grenier. C'est pourtant là, comme dans tous les greniers, que se concentrent les souvenirs du passé.

Et c'est justement dans cette mansarde que s'ouvre la seconde étape avec Grace, en 1955. Elle y trouvera refuge contre sa plus monumentale erreur : son mariage avec George, caricature de l'homme violent, volage et alcoolique.

En 1929, on passe d'un artiste à l'autre, de soirées bien arrosées à l'ébauche d'un tableau, de sentiments qui se forment à un chêne foudroyé.

Des révélations surprenantes ponctueront chaque tranche de ce décompte d'années et feront toute l'originalité de ce roman.
Au fil d'une narration qui ne laisse rien au hasard, portée par une très agréable plume spécialement attractive et que l'on parcourt avec impatience, Rebecca Makkay imbrique dans le quotidien des différents personnages des petits traits qui s'ajoutent les uns aux autres et nous éclairent, sans qu'elle ait besoin de le spécifier explicitement, sur leurs véritables identités. J'ai été réellement séduite par sa façon de titiller la concentration du lecteur en introduisant des éléments qui traversent les époques et nous font remonter jusqu'à leur origine, à l'image de ce tableau sur toile de lin non signé, de cette photo compromettante, d'un vieux fauteuil et de classeurs à tiroirs cachés dans le grenier.
Alors que l'on pense être tranquillement installé dans une saga familiale, l'étonnement naîtra de ces constatations : les apparences sont souvent trompeuses et les interprétations de vestiges du passé s'avèrent rarement coller à la vérité. C'est donc une lecture qui, avec ses différentes incursions dans les murs de ce riche domaine, ne manquera pas de dérouter agréablement son lecteur.
Tout en étant confinée dans cette demeure, la variété des époques, des résidents et des vérités qui se font jour ouvrent de multiples fenêtres qui m'ont permis de sauter allégrement les cent ans qui séparaient Violet du début du roman.

Avec une porte ouverte sur les archives du grenier, je remercie Les Escales et Babelio pour m'avoir donné la clé de cette singulière lignée des Devohr.
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