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Critique de EvlyneLeraut


« C'est venu comme une vague ». Poignant, crucial, « Que sur toi se lamente le Tigre » est une déflagration. Puissant, percutant, il est un cri. L'écriture est inouïe, du sable qui s'écoule en mains et que l'on voudrait retenir grain après grain. Une langue contée, la voix contre les murs de nos antres bienheureux. Elle s'accroche, persiste, nous dit… « La mort est en moi. Elle est venue avec la vie. Ces coups dans mon ventre, ce déchirement de la chair portent en eux la mort et la mort est un chemin. » L'Irak ensanglantée, la fille universelle, lapidée, le crime honni, l'enfant en son ventre. Retenez chaque plainte, chaque blessure, chaque trahison. Essayez de creuser la terre, de vouloir changer cet implacable qui résiste et griffe les pages de sanglots. Un drapeau noir sur nos consciences. L'enfant meurt sous les bombes assassines. La Patrie n'est que chao et insulte. La profondeur des lamentations, des supplications est le pain quotidien pour ses enfants perdus dans un pays qui ploie les siens sous une oppression dans un paroxysme insensé. « Quand on compte comme moi en millénaires, plus rien n'a vraiment d'importance. » Les rives du Tigre sont des écorchures, l'abandon des valeurs suprêmes. L'amour est un crime. Et pourtant que le style est miracle, beauté et poésie sourde. « Je suis le frère, celui par qui la mort arrive. Je suis l'homme de la famille, l'aîné, le dépositaire de l'autorité masculine. » « Dans ce pays de sable et de scorpions les femmes payent pour les hommes. » Ce récit est un tourbillon. Bouleversant, il est une tempête de sable. L'Irak qui épuise ses enfants, les lois y sont des meurtres. L'aube pourrait être belle. « Je suis le garçon dont l'avenir n'est pas encore écrit. Je suis celui qui, peut-être, ne sera pas un assassin. » le Tigre gronde, Gilgamesh se révolte. Emilienne Malfatto écrit avec de l'or au bout des doigts, avec cette connaissance extrême de l'Irak. « Ce jour d'avril à Bagdad est resté comme une esquisse de ce qui aurait pu être si nos femmes étaient libres. » Polyphonique, bouleversant, « Que sur toi se lamente le Tigre » est fondamental, une urgence de lecture. Dans cet après point final on entend les pas de cette enfant, revenante d'entre les plis endormis d'un pays qui pourrait être si fier d'être tolérant, juste et ivre d'amour pour la femme. Lisez ce grand livre et dites-moi ! Publié par les Editions Elyzad.
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