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Critique de JHernand


Pas facile de commenter ce qui n'est pas un livre au sens d'un texte travaillé pour être édité ou au moins écrit à l'intention d'un public de lecteurs. Une plaidoirie est par nature différente puisqu'elle ne s'adresse qu'à des juges chargés d'évaluer le poids des plateaux de la balance, d'établir un niveau de responsabilité et d'appliquer une peine ou non.
Mais cette plaidoirie en appel de Richard Malka est un texte qui interpelle le lecteur non juriste et le force à un travail de réflexion sur un texte fondamental.
Pour fixer les choses je n'ai pas lu sa première plaidoirie mais l'entrée en matière m'en dispense « A quoi bon me répéter à l'infini alors que depuis quinze ans j'ai dit tout ce que j'avais à dire… ». Je comprends dès lors que nous allons faire un pas de côté, entrer ailleurs et que cette salle dans laquelle il plaide – la salle Voltaire – va lui donner l'occasion de dire « l'essentiel » qu'il n'a pas encore dit. Un saut de 260 ans dans le passé, un temps où Voltaire osait écrire des choses que l'on oserait plus dire en 2023. « Mal nommer un objet c'est ajouter au malheur de ce monde », Richard Malka va tenter de nommer les causes de la terreur « car si l'on ne pose pas les causes d'une maladie, on a aucune chance d'y trouver un remède ». Dans la suite de son discours, il va s'attaquer avec l'appui des travaux d'éminents historiens des religions à une vision de l'islam, pas aux croyants ou aux musulmans qui en sont les premières victimes, mais à ceux qui ont voulu en faire un outil de pouvoir religieux ou politique. Il va ainsi remonter aux sources de l'islam mutazilite (en Irak au VIIIème siècle av. notre ère), un islam de raison et de libre arbitre, vite opposé à un islam littéraliste à l'origine du wahhabisme et du salafisme. Les littéralistes ce sont ensuite attaqués à d'autres courants de l'islam, aux philosophes ou aux poètes. Nous subissons encore cette lutte et ce « désir de néantisation des autres et de l'histoire elle-même ».
S'ensuit une analyse fouillée de certains versets du Coran, souvent cités par les traditionnalistes à l'appui de leurs accusations de blasphème (blasphème codifié au XIIème siècle !) et dont les historiens des religions démontrent que leur validité ne sont ni détemporalisables ni délocalisables. Si j'ai bien compris Richard Malka, la relecture, le tri, les interprétations figées ou biaisées de cette tendance de l'islam, déversées chaque jour, en particulier par les réseaux sociaux, vers des individus sans connaissance réelle des textes, sont bien les causes des dérives actuelles.
Cette plaidoirie « désincarne » les justiciables, c'est le doigt montrant l'origine des causes de leurs actes, c'est le doigt pointé vers des responsables enfoncés dans le passé et leur successeurs actuels. Cette plaidoirie, nous demande de retourner à la source de l'information et « combler l'énorme déficit de pensée autonome », elle nous demande aussi de la prolonger en s'intéressant aux ouvrages des historiens des religions cités par Richard Malka, faisant tous acte de pédagogie sur ces graves questions.
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