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Critique de Fleitour


le 3 décembre 1984, la gare de chemin de fer de Bhopal fourmillait d'activités nocturnes Tardives.
Bhopal , une ville au coeur de l' Inde, où tout a commencé lentement inexorablement, cela s'est propagé, "comme si quelqu'un avait lancé de la poudre de chili rouge". Un gaz foudroyant le d'isocyanate de méthyle (CH3-N=C=O) rejeté dans l'atmosphère de la ville, couchait 3500 personnes ce 3 décembre sur le béton des rues.


C'est la catastrophe écologique la plus meurtrière de l'histoire, l'usine de la firme américaine Union Carbide produisant des pesticides a dégagé 40 tonnes de ce gaz toxique. On comptera de 20 000 à 25 000 morts selon les associations de victimes. La presse souligna 30 années de laisser aller.


Avec virtuosité Amulya Malladi s'empare de ce sujet, brûlant et corrosif, le fait vibrer à travers le destin cruel d'une famille, une déchirure que le gaz a honteusement réservé aux enfants, des mères intoxiquées le 3 décembre 1984, au fils de Anjali le petit Amar. Il a 12 ans, " Amar regarde les tubes insérés dans son corps, un dans son nez et un autre tube intraveineux qui sort de sa main." page222.

L'histoire de cet enfant promis à bel avenir est directement fissurée par la dégradation rémanente, des tissus de la mère, pour mieux s'infiltrer sournoisement dans les poumons de son fils.


Le titre choisi par la traductrice, une bouffée d'air pur, résonne comme une provocation, mais cache aussi autre chose, une volonté farouche de respirer une autre musique au pays de l'hindouisme, au pays de l'obscurantisme religieux de tout poil qui maintiennent la femme dans une dépendance totale à son mari et à sa famille.


Anjali avait espérée que l'homme qu'elle avait choisi Prakash Merah serait délicat et merveilleux, mais il la trompe, et l'oublie sur le quai de la gare de bhopal ce 3 décembre. Sa décision viendra, comme une bouffée de lucidité, comme une nécessité indispensable à sa survie, tourner la page, malgré ses parents, malgré Prakash devenu un dignitaire de l'armée, malgré la rumeur.


Anjali en se remariant avec Sandeep, sait qu'il accomplit là un geste que ses parents désapprouveront. La propre soeur de Sandeep est encore plus claire page 179: "Oui c'est le devoir de la femme s'est exclamée Komal, d'un air pincé. Je n'arrive pas à croire que tu l'épouses après avoir appris tout ça, a-t-elle déclarée en me regardant avec dégoût. Je ne sais pas comment je vais pouvoir rester ici plus longtemps."


Une bouffée d'air pur est bien plus qu'un roman sur le drame de Bhopal, c'est un roman d'amour, de liberté, un cri de rage contre ces usines fantômes, un matin qui se lève pour toutes les femmes hindoues, pour tous les hommes qui reconnaissent enfin une place pour des femmes libres, indépendantes, instruites.

Je garde un souvenir ému, bouleversé, par les espoirs qui se dégagent d'une atmosphère qui peu à peu purifie les personnages malgré le drame d'Amar.
Roman gratifié d'une très belle traduction.
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