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Critique de motspourmots


Quelques jours après avoir terminé ce livre, encore un peu émue, je suis tombée sur une chronique dans le magazine ELLE titrée "Si vous avez aimé La guerre est déclarée, vous aimerez A tout moment la vie". J'avoue que je n'avais pas fait le rapprochement pendant ma lecture, mais c'est vrai. Les deux ont en commun d'affronter le drame sans pathos, avec courage et une bonne dose d'optimisme. Ils parviennent à rendre l'épreuve belle, à faire de la mort un élément essentiel de la vie. Là s'arrête la comparaison car les histoires sont très différentes.

Le roman de Tom Malmquist, inspiré de son histoire vous prend aux tripes dès les premières lignes et ne vous lâche plus, alors même que vous vous inquiétez de sombrer dans une sorte de voyeurisme morbide. Ce ne sera jamais le cas, l'auteur prenant le parti de vous faire partager ses sensations en temps réel, comme s'il faisait un reportage sur sa propre vie, caméra à l'épaule et comme si ce partage lui était nécessaire à lui-même pour l'ancrer dans la réalité. A ce titre, la première partie est époustouflante. le lecteur est soudain propulsé dans l'hôpital où Karin, la compagne de Tom est admise en urgence. Enceinte de huit mois, elle présente des symptômes inquiétants de grippe ou de pneumonie. Très vite, son état s'aggrave, une césarienne est pratiquée pour la soulager et préserver le bébé des traitements à venir. Très vite, le diagnostic est sans appel, le mal est beaucoup plus grave, Karin ne s'en sortira pas. Elle aura juste le temps de choisir le prénom de sa fille, Livia et de rappeler à Tom qu'elle le veut seul à ses côtés, seul décisionnaire pour la suite des événements.

Dans cette première partie, le lecteur découvre chaque seconde, chaque nouvel élément au rythme de Tom. L'auteur arrive à traduire cet état entre hébétude et raison, où chaque instant est une plongée dans l'inconnu avec son lot de constats froids, d'éléments cliniques, de discours prudents et ses fenêtres d'espoir malgré tout. Cet état qui s'installe lorsqu'on ne maîtrise plus rien et qu'on est à la merci des bribes d'informations qui parviennent plus ou moins dans l'ordre, plus ou moins cohérentes jusqu'au cerveau qui se demande comment les traiter. C'est d'un réalisme criant qui n'aurait pu être rendu sans une énorme prise de recul.

Dans la vie de Tom, il y a désormais une petite Livia. La vie reprend ses droits même si une autre épreuve l'attend avec la maladie de son père. Dans la tête de Tom il y a à présent des éclairs, des souvenirs qui s'invitent, des moments de sa vie qui se rappellent à lui, des bribes d'existence qui forment un tout, une cohérence, un bagage à transmettre à sa fille. Il fait l'apprentissage de la vie "après" tout en cherchant à ordonner et à comprendre ce qui a précédé. Après le réalisme clinique de la première partie, c'est l'humanité qui investit les pages. Alors que Karin n'était qu'une patiente et Tom le référent pour les médecins, les voici à présent réinvestis dans leurs enveloppes charnelles avec leurs émotions, leurs secrets, leurs troubles, leurs désaccords, leurs failles, leurs phobies. Et les mots qui les unissaient par-dessus tout, lui l'écrivain fils d'un journaliste sportif, elle qui brûlait d'écrire aussi, descendante d'une célèbre dramaturge.

Par petites touches, au fil de ses souvenirs, Tom réintègre Karin à sa nouvelle vie, sous d'autres formes. Avec ce moment terriblement émouvant où il s'aperçoit que regretter le temps d'avant, celui où Karin était vivante c'est en quelque sorte nier le bonheur que peut lui apporter sa fille qui fait partie du temps d'après. Constat implacable. D'une justesse poignante.

Il ne faut surtout pas avoir peur de ce livre. L'auteur ne recherche en rien le trop plein d'émotions, plutôt l'émotion juste, celle qui permet d'avancer. Tout être confronté à l'adversité appréciera le compagnonnage de Tom et cette magnifique ode à la vie. On aimerait bien, de temps en temps avoir des nouvelles de Tom et de Livia.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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