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Critique de michfred


Ma grand-mère nous a lu Sans famille quand nous étions enfants, ma soeur et moi. Nous étions blotties près d'elle sur un canapé en velours vieux rose. Elle s'arrêtait souvent et faisait une pause pour que nous épongions nos larmes!! Elle nous donnait alors , en guise de réconfort, un bonbon à la cerise dont je retrouve le goût dans ma bouche dès que je relis, dans l'édition "Hetzel" illustrée de gravures, que j'ai conservée, mes pages préférées.

J'y reviens souvent: c'est un de mes talismans d'enfance. Mon premier grand choc littéraire.

J'en ai contracté une passion immodérée pour les chiens, de préférence abandonnés, éclopés, malins et cabochards- à cause de Dolce, Zerbino, et surtout de Capi, mon héros - , une sainte horreur des spectacles de bêtes - mais un grand amour pour les singes, si j'avais eu un Joli-Coeur à câliner, le roi n'aurait pas été mon cousin!-, et une grande tendresse pour l'Italie et les Italiens- à cause du vieux Vitalis.

L'histoire a tout du mélodrame réaliste: Rémi, un enfant de l'assistance, placé chez de braves gens, doit les quitter contre son gré et suivre sur les routes un vieux montreur d'animaux italien, Vitalis, qui l'a acheté à sa nourrice. L'enfant s'attache au saltimbanque et à ses bêtes...Mais la vie sur les routes est sans pitié et il lui faudra s'arracher à cette famille-là une fois encore... Il ira dans les mines , dans l'enfer souterrain des puits de charbon...

Quelques années avant Germinal, Hector Malot abordait déjà le travail dans la mine, et l'exploitation terrible des enfants, si petits qu'on pouvait les faire passer dans les moindres boyaux. Il consacre tout son livre à l'enfance malmenée, en particulier à ces enfants de l'assistance qu'aucun droit ne défendait, qu'on vendait, achetait, et battait en toute impunité.

C'était malgré tout un livre destiné à la jeunesse : il est plein de nobles sentiments, très "pédagogique" mais il s'attache à décrire au plus près la rudesse des temps, impitoyables aux miséreux et aux enfants "sans famille", comme le petit Rémi du livre.

Moral mais démoralisant, mélo mais réaliste, Sans famille est un livre marquant.

Daté, sûrement mais comme on marque d'une pierre noire une époque sauvage et, apparemment, révolue.

Il n'y a pas si longtemps, pourtant...Il n'est que de lire Les enfants du bagne de Marie Rouanet...

L'enfance hélas reste une proie bien tendre, fragile et malléable, la victime désignée des troubles politiques ou des crises économiques.

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