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Critique de nadejda


Le titre original «Odore di chiuso», odeur de renfermé, me semble plus approprié que «Le mystère de roccapendente». Il y a bien un mystère à élucider celui du meurtre du majordome Teodoro Banti mais son corps sans vie est retrouvé dans une chambre close, proche de la cave, apparemment fermée de l'intérieur. de même, l'intrigue se déroule dans un monde clos celui d'une aristocratie italienne décadente, imbue de ses privilèges et méprisante vis à vis des personnes extérieures à sa caste. Odeur de renfermé donc de tout ce petit monde dont la disparition est déjà annoncée. La famille Bonaiuti di Roccapendente, composée d' «oisifs professionnels qui n'ont pas produit une heure de travail honnête de toute leur vie», vit en vase clos sans se préoccuper de l'évolution qu'a connu la société italienne.
Nous sommes le vendredi 16 juin 1895 en Toscane. Nous sommes aussi «à une époque où l'Italie est en train de prendre forme, les consciences s'orientent vers la politique avec une ferveur passionnée. Durant ces années où l'on discute d'unité, de constitution, de droits et de liberté.»
Le septième baron de Roccapendente et ses proches dont Gaddo le fils aîné qui «était du genre à s'essouffler rien qu'en se coupant les ongles», attendent l'arrivée de leur second invité, monsieur Pellegrino Artusi originaire de Romagne, auteur de «La science en cuisine et l'art de bien manger» recueil de 790 recettes, dont ils vont pouvoir découvrir les deux belles grosses moustaches blanches nommées techniquement «favoris en côtelettes» ; l'autre invité, arrivé dans l'après-midi, étant un photographe du nom de Ciceri. Ils sont conviés par le baron à une battue au sanglier qui doit avoir lieu le dimanche.
Le meurtre du majordome Teodoro Banti va bouleverser l'ordonnancement du séjour des hôtes du château et l'enquête menée par le délégué à la sécurité publique Artistico est ressentie comme une intrusion par le baron et sa famille. 
Ainsi de Speranza la mère du baron qui explique pour justifier le comportement de ses petits-fils : «Nous n'avons pas l'habitude de rendre des comptes à quiconque. Nous sommes barons et il est d'usage que nous répondions de nos actes au minimum devant un comte.» 
Au cours des trois jours qui précèdent l'élucidation du meurtre nous allons assister à une suite d'échanges souvent cinglants entre les membres de la famille, agités par l'enquête que mène le délégué Artistico aidé sans en avoir l'air par Artusi qui, sous un air bonhomme, fait des découvertes en parlant ou écoutant les confidences des uns et des autres.
J'ai beaucoup aimé cette enquête qui est pleine de remarques où la raillerie se mêle au cynisme et où l'intrusion du narrateur fait des rapprochements avec la société actuelle comme des clins d'oeil au lecteur qu'il prend à témoin.
On ne s'ennuie pas un seul instant et en prime on a droit à quelques recettes extraites du livre de Pellegrino Artusi et à celle qu'il finit par obtenir de Parisina la cuisinière du château : le polpettone à la tsigane
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